Une obscure comédie noire
© Pierre Charbonneau
Par Sébastien Bouthillier
Qu’ont-ils voulu nous dire? Est-il question de nécrophilie, d’outrage à des cadavres ou de profanation de sépulture par des désœuvrés? On se le demande jusqu’à la dernière réplique de la pièce qui aborde les thèmes profondément humains de l’alcoolisme, de la mort et de l’isolement.
Il faut éviter d’y réfléchir, car cette comédie noire a pour vocation de provoquer le rire par les répliques que les protagonistes se lancent à la figure comme s’ils rivaient au marteau le taquet qui dépasse. À certains moments, ce thriller théâtral mis en scène par Sébastien Gauthier provoque une frousse cinématographique.
L’auteur Irlandais Martin McDonagh s’estime meilleur que Shakespeare! Pourtant, le langage cru et l’humour noir divertissent dans Les ossements du Connemara. Tandis que le théâtre élisabéthain de l’Anglais interpelle par la portée universelle du drame qu’il illustre, les personnages déjantés et niais de l’Irlandais se chicanent sans qu’en émane l’autopsie qui déchirerait l’âme humaine.
Certes, ils noient dans l’alcool la vie misérable qu’ils mènent. Mick Dowd (Hugo Giroux) déterre les ossements pour libérer la place au cimetière. Mais approche la nuit où il devra récupérer les os de son épouse, décédée dans des circonstances troubles : accident de voiture ou violence envers les femmes?
Mary Rafferty (Danielle Proulx) le visite régulièrement pour obtenir sa rasade d’alcool et commérer, son passe-temps avec le bingo. L’idiot du village, Martin (Marc-André Thibault), cherche le trouble et il le trouve avec Mick. Rien n’est enfoui pour toujours…
Les ossement du Connemara, jusqu’au 26 novembre au théâtre Prospero.
Texte révisé par : Gabrielle Demers