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Halluci Nation avec A Tribe Called Red

Pow Wow électrique au Théâtre Corona

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Photo : ©Timothy Nguyen

par Mélissa Thibodeau

Le Théâtre Corona était plein à craquer hier soir, malgré le froid hivernal qui venait de nous fouetter le visage et les os. La foule était quand même fidèle au poste afin de recevoir A Tribe Called Red, un trio de DJ de la région d’Ottawa. Retour sur une soirée électrique, survoltée, mais toutefois un peu redondante par moment.

Cette formation qu’est A Tribe Called Red existe depuis 2007. Elle s’est fait connaître grâce à des soirées Electric Pow Wow présentées régulièrement dans la capitale nationale. Leur nom est un hommage au groupe de hip hop A Tribe Called Quest. À l’instar de ces derniers, A Tribe Called Red offre une oeuvre musicale engagée sur le plan politique et social.

A Tribe Called Red a baptisé son style musical Electric Pow Wow ou Powwow-step. Pour les non-initiés, il s’agit d’un croisement de sonorités électroniques issues du hip-hop, du rap, du reggae, du dubstep à des chants et rythmes traditionnels amérindiens.

En 2012, un premier album homonyme est distribué gratuitement et a fini par être présélectionné pour un Prix Polaris. Le groupe récidive en 2013 avec l’album Nation II Nation, mais cette fois-ci, il fera partie de la liste finale du Polaris. Leur plus récent album We Are the Halluci Nation, paru en septembre, leur attire encore de nombreux éloges.

C’est dans ce contexte que Ian « DJ NDN » Campeau, Tim « 2oolman » Hill et Bear Witness se sont présentés devant une salle comble hier soir. On avait tout d’abord fait appel au DJ montréalais Poirier pour ouvrir la soirée. Le Corona était devenu une grande piste de danse. De mon côté, je m’étais installée au balcon afin de m’assurer une meilleure vue de la scène.

Explosion d’enthousiasme lorsque les attendus se présentent finalement sur scène derrière leur table de travail. Deux membres portent sur leur visage des foulards ornés d’un capteur de rêves. On entend la voix du regretté poète et activiste américain John Trudell prononcé We Are the Halluci Nation. Les gens crient leur approbation.

Derrière le groupe, on voit des projections vidéos démontrant différentes représentations habituelles des minorités indiennes au cinéma et dans les médias en général. Des dessins animés nous rappelant les Mystérieuses cités d’or et l’indien guerrier en passant par des images aux tons psychédéliques présentant des gens costumés en indien dansant des chorégraphies à la Bob Fosse. Le but est de remettre en question les stéréotypes et préjugés perpétués dans les médias depuis des lustres.

 

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Photo : ©Matt Barnes

La musique offerte par A Tribe Called Red est agressive. Leurs percussions vous rentrent dedans et les multiples échantillonnages cuivrés s’agencent vraiment bien avec les chants traditionnels amérindiens. A Tribe Called Red veut projeter l’évolution de la culture amérindienne et lancer un message à la fois combattant, mais avec espoir. Les gens dans l’auditoire sont déchaînés mais attentifs. Lorsque les membres du groupe se prononcent sur cette ère d’incertitude, ils rejoignent toutefois tout le monde. Plusieurs dans le public, que ce soit devant la scène ou sur le balcon, lèvent le poing en l’air par approbation.

À la musique s’ajoutent les performances de danseurs hip-hop et de break dance ainsi que des danseurs traditionnels qui fusionnaient les genres. Les danseurs traditionnels portaient des costumes qui auraient pu être typiques si ce n’était du fait que certains pans de tissus étaient scintillants. La rencontre d’hier et d’aujourd’hui.

A Tribe Called Quest impressionne. Leur musique vous enveloppe, vous fait bouger. Au-delà de l’aspect culturel, la musique est bien concoctée. Toutefois, sur scène, à moins d’avoir été dans la foule emportée, cela peut parfois s’essouffler.

Je ne suis pas déçue du spectacle que j’aurais sans doute plus apprécié dans un autre contexte. Je dois admettre que le tout manquait parfois de nuances que ça en devenait un peu redondant. On a parfois entrecoupé le tout de rythmes latins et plus légers qui étaient bien intégrés dans la performance. Cela apportait de jolies surprises qui aident à garder l’intérêt. De plus, bien qu’ils ne parlaient pas souvent, j’aurais apprécié pouvoir entendre les membres du groupe lorsqu’ils s’adressaient à la foule.

Cela n’enlève pas le fait que je suis une grande fan de l’œuvre de A Tribe Called Quest que je vais continuer de défendre de par leur côté innovateur et frondeur. Je retournerais sûrement le revoir si l’occasion était pour se présenter à nouveau.

Pour en connaître davantage sur le groupe : www.atribecalledquest.com

 

Texte révisé par : Ho-Chi Tsui