Inutiles, les vieux sont à oublier?
© Caroline Laberge
Par : Sébastien Bouthillier
« Le suicide, c’est des idées de jeunes! » Cette réplique de Michel Dumont donne le ton de la pièce. Ce n’est pas parce que trois héros de la Grande Guerre vieillissent seuls dans un hospice militaire, oubliés de leur famille, qu’ils succomberont d’abattement. Au contraire, ils planifient de s’évader, de voyager en Indochine. Car si leur corps septuagénaire porte les marques de la Première Guerre mondiale, leur esprit révèle la jeunesse.
De fait, Henri (Michel Dumont), Philippe (Marc Legault) et Gustave (Guy Mignault) se taquinent, plaisantent et se remémorent leurs souvenirs pendant que sœur Madeleine célèbre les anniversaires et organise les funérailles. Le trio redoute les anniversaires, qui les approchent de leur dernier en ajoutant un an à leur existence comme s’il n’y avait pas d’autres rituels possibles dans une résidence de vieillards. Ils préfèrent s’inspirer des peupliers dressés au sommet de la colline que caresse le vent.
© Caroline Laberge
Quant aux funérailles, Philippe craint que l’arrivée d’un nouveau pensionnaire avec qui il partage la date d’anniversaire le précipite à la mort parce qu’on ne célèbre jamais deux personnes nées le même jour dans cet hospice. Il soupçonne sœur Madeleine de s’occuper avec trop de zèle du registre des cérémonies…
En adaptant Le temps des peupliers de Gérald Sibleyras à l’approche des Fêtes, la metteure en scène Monique Duceppe nous invite à rencontrer trois comédiens âgés entre 65 et 75 ans. Elle déplore la rareté des pièces qui traitent de la vieillesse. L’important est moins que le trio concrétise ses aspirations de voyage, mais qu’il ait l’imagination et l’optimisme pour voyager au-delà des murs dont ils demeureraient prisonniers sinon.
Les héros, jusqu’au 4 février au Théâtre Jean-Duceppe.
Texte révisé par : Annie Simard