Prononcez Middle Sex
© Diane (Ilaria Scarpa)
Par : Sébastien Bouthillier
Qui est Silvia Calderoni? DJ survoltée, éclairagiste et accessoiriste, la comédienne assume plusieurs rôles dans le spectacle MDLSX où elle se moque de la théorie des genres. Puisqu’elle est androgyne, difficile de dénoncer le discrédit qu’elle jette sur ces hypothèses politiquement correctes.
Elle lance une bombe sensorielle en maniant la bande sonore qu’elle mixe, naviguant de Buddy Holly à Stromae et passant par 21 autres morceaux. Aussi, elle projette des images, les siennes autant que celles de films documentaires. La performeuse, seule sur scène, signe un hymne optimiste pour la liberté.
Si chacun peut devenir qui il veut, elle reconnaît son corps comme un compagnon obligé qui ne peut être entièrement saisi. Une part d’étrangeté ou de mystère en subsiste, le défi repose dans la complémentarité à définir entre corps et esprit pour cette indomptable bête de scène.
Au lieu de trouver les contradictions, l’éclectique italienne propose de conjuguer les éléments en apparence épars comme des compléments. Car Calderoni est un corps débordant d’affirmations, mais aussi l’histoire inachevée d’un corps né femme et devenu homme à l’adolescence.
Qui est donc Silvia Calderoni? Ni un mot, ni un sexe, ni un genre, elle est mdlsx, à prononcer middle sex. La scène est l’endroit où elle devient elle-même parce que tous les rôles demeurent possibles pour l’actrice et ses doubles qu’elle endosse. Le lieu de toutes les identités et de tous les travestissements.
Quelques jours après la présentation de No String (Attached) à l’Espace libre, Silvia Calderoni affirme à l’Usine C que la multiplicité constitue l’identité. L’univers queer ne parle pas que d’une voix. Le temps du spectacle, tout en projetant des images et officiant comme DJ, elle change de rôle ou d’identité en demeurant elle-même.
La compagnie Motus a présenté Alexis, Too late! et Nella Tempesta au Festival TransAmériques de Montréal en 2012 et 2013. Le prix Ubu lui a été décerné en 2000.
MDLSX, à l’Usine C du 23 au 25 mars.
Crédit photo : Diane (Ilaria Scarpa) et Alessandro (Sala Cesura, couverture)
Texte révisé par : Annie Simard