Entre terreur et absurdité
Par : Marie-Claude Lessard
Après The Martian, Passengers et The space between us, nous revoilà à bord d’un film nous propulsant dans les étoiles, cette fois-ci, dans le but avoué de terrifier. Une équipe composée de six scientifiques a la mission d’analyser un échantillon qui, selon toute vraisemblance, constitue la première trace de vie extraterrestre sur Mars. D’abord adorable et inoffensive, la cellule se transforme rapidement en une entité dangereuse obsédée par son besoin vital de se nourrir de sang humain.
Stratégiquement débarqué en salle moins de deux mois avant l’attendu Alien : Covenant, question de titiller les amateurs de science-fiction gore, ce Life de Daniel Espinosa espère évidemment jouer dans les plates-bandes de Ridley Scott et, qui sait, même marquer le début d’une probable franchise rivalisant avec celle, lucrative et marquante, du réalisateur britannique.
Appuyé par un enrobage visuel aussi impressionnant que celui de Gravity, le premier acte du film séduit par ses séquences en apesanteur et la chimie qui règne entre les protagonistes, bien que ces derniers manquent cruellement de profondeur. Les effets spéciaux, particulièrement ceux impliquant la diabolique créature, saisissent incroyablement. Dommage que Life ne soit pas muni de la technologie 3D, car, pour une rare fois, elle s’appliquait et aurait sans l’ombre d’un doute accompli de véritables merveilles.
Une fois l’élément déclencheur passé, un climat franchement inquiétant et intriguant s’installe enfin, mais cette tension qui fait que les spectateurs restent rivés sur le bout de leur siège disparaît complètement à la mi-parcours. Le rythme chancelant est à blâmer pour cette baisse d’intérêt que même la trame sonore grandiose de Jon Ekstrand ne peut freiner. La chasse visant à exterminer le méchant extraterrestre du nom de Calvin se noie dans des dialogues soi-disant philosophiques que se balancent à tous vents les personnages. Ces morales à deux sous et les termes scientifiques complexes aucunement vulgarisés alourdissent le récit et nous fait pouffer de rire plutôt que de frissonner de peur. Seule la notion de survie entraîne quelques pistes de réflexions, mais elles seront vite oubliées après le visionnement.
Heureusement, au-delà de sa simplicité, le scénario de Rhett Reese et de Paul Wernick, qui ont frappé fort récemment avec le grinçant Deadpool, esquive certains clichés pour aborder des éléments qui surprennent agréablement l’auditoire parce que, justement, peu abordés habituellement dans une œuvre du genre. En ce sens, la brillante finale agit comme un baume et permet de mieux accepter les décevantes péripéties. Il faut également saluer la diversité dans la distribution. Sans contredit l’acteur qui se démarque du lot, Ryan Reynolds apporte une légère touche humoristique à un univers drôlement sérieux. On a presque l’impression qu’il ne joue pas un rôle, car on l’imagine être cet ami taquin bon vivant qui sacre abondamment dans la réalité!
Bref, même s’il ne donne pas la frousse escomptée, Life livre des revirements mémorables et s’avère un festin pour les yeux.
Note : 2.5/5
Ce film est à l’affiche depuis le 24 mars 2017.
Texte révisé par : Johanne Mathieu