Saison d’émancipation au Théâtre d’Aujourd’hui
Par : Sébastien Bouthillier
Le Théâtre d’Aujourd’hui place sa saison 2017-2018 sur la piste de l’émancipation pour que l’humain s’élève au-dessus du système économique et politique aliénant.
À l’heure de la crise migratoire et de la récupération politique des extrêmes, la 49e saison du théâtre de la rue Saint-Denis lance un défi à ses artisans et au public : que l’individu s’affranchisse de rouages qui lui semblent indépassables.
« Le Québec n’a pas besoin de sauveurs, mais je revendique le besoin de créer de nouveaux héros », annonce le directeur artistique Sylvain Bélanger.
Une majorité de femmes se confrontent à ces forces omniprésentes, mais pourtant invisibles la plupart du temps. Fidèle à sa vocation, le Théâtre d’Aujourd’hui leur confie le soin de présenter des œuvres inédites ou des créations contemporaines.
Évelyne de la Chenelière recrée Bashir Lazhar une décennie après son premier succès. Le rappeur Rabah Aït Ouyahia devient comédien pour incarner cet instituteur nouvellement arrivé au Québec et qui remplace une collègue qui s’est suicidée dans l’école. La pièce porte sur l’Arabe au Québec aujourd’hui, selon Sylvain Bélanger.
Sarah Berthiaume et Sébastien David proposent Nyotaimori. À travers la présentation de nourriture sur le corps d’une femme, ils déconstruisent l’aliénation économique subie par une travailleuse autonome jouée par Christine Beaulieu. Pendant que les machines et que la technologie triomphent, elle est dépossédée d’elle-même et en voie de devenir un objet comme les autres…
Le lendemain de la tragédie de Lac Mégantic, Alexia Bürger a cherché à savoir qui était Thomas Harding, le cheminot qui a mal enclenché les freins du train… Elle lui a découvert des milliers d’homonymes, notamment un journaliste d’enquête britannique et un banquier new yorkais spécialisé dans la responsabilité des compagnies pétrolières. Dans Les Harding, elle s’intéresse aux rails invisibles qui relient leur existence.
Olivier Choinière déclare qu’il confie un rôle à un acteur noir pas parce que la pièce porte sur l’Afrique. Plutôt, il porte la société telle quelle sur scène, dans toute sa diversité. Il déploie son langage dramaturgique unique avec Jean dit, l’homme qui dit la vérité. Mais la vérité hypnotise jusqu’au point où on en perd la raison. Vingt comédiens et un band montent sur scène pour dénoncer une société en crise de légitimité, qui ne sait plus qui croire.
Le Wild West Show de Gabriel Dumont, c’est du théâtre documentaire cher aux auteurs Jean-Marc Dalpé, Alexis Martin et Yvette Nolan. Ils exaucent le vœu de Dumont, ami de Louis Riel, de relater la lutte des Métis pour la reconnaissance de leurs droits. Mani Soleymanlou met en scène cette pièce réunissant une trentaine d’artistes sur les planches pour ce spectacle anachronique, mais actuel, fou furieux, mais ironique, et qui réconcilie les quatre communautés impliquées dans ces événements historiques.
Dans l’intimité de la salle Jean-Claude-Germain, Le Brasier sera présenté en rappel. C’est l’occasion de retrouver Claudie, Claudine et Claudette, Clément, Caroline et Carole qu’interprètent Dominique Quesnel, Kathleen Fortin et Paul Ahmarani.
Crédit photo : Maryse Boyce
Texte révisé par : Annie Simard