Prévisible malgré Amy
Par : Marie-Claude Lessard
Pour certains, Amy Schumer incarne le nouveau visage irrévérencieux et frais de l’humour américain. Pour d’autres, elle ne s’avère qu’un sous-produit de l’ère Judd Apatow qui remâche les mêmes blagues désuètes sur l’appareil génital féminin. C’est exactement à un mélange de ces deux perceptions auquel nous avons droit dans Snatched où elle tient la vedette aux côtés de Goldie Hawn.
Réalisée avec dynamisme par Jonathan Levine (The Night Before, 50/50) et produite par Paul Feig (Bridesmaids, The Heat), cette comédie met en scène Emily Middleton (Amy Schumer) qui, après avoir perdu son emploi et son copain, invite sa mère Linda (Goldie Hawn) à l’accompagner en Équateur pour un voyage non remboursable. Ce qui devait être des vacances de rêve vire au cauchemar alors qu’elles sont enlevées. Fuir à leurs ravisseurs devient alors prétexte à une succession de situations rocambolesques plus ou moins intéressantes.
Sortant stratégiquement pendant le week-end de la fête des Mamans, le scénario du film repose essentiellement sur les sentiments réconfortants associés à un tandem mère fille. Les mésententes clichées et réconciliations émouvantes abondent dans l’unique but d’attendrir les spectateurs… mais ces derniers ne sont pas dupes. Il n’y a aucun mal à offrir une comédie légère et sans prétention, encore faut-il qu’elle réserve quelques surprises et une relecture un tant soit peu diversifiée sur un sujet surexploité.
Les personnages ne quittent en aucun cas leurs critères stéréotypés. Emily est une trentenaire irresponsable, égoïste, obsédée par les réseaux sociaux et ingrate envers l’amour que lui porte sa mère qui, elle, reste enfermée dans sa maison avec ses huit millions de chats depuis que son mari l’a quittée. Elle surprotège sa progéniture, spécialement son garçon agoraphobe (Ike Barinholtz, qui réussit à soutirer quelques rires avec son jeu caricatural ultra assumé) et voit du danger partout. On a vu ces protagonistes trop de fois pour s’attacher immensément à eux. Heureusement que Schumer et Hawn, dont la dernière apparition sur grand écran remontait en 2002 dans The Banger Sisters, possèdent une belle complicité. Dans le rôle d’une agente des services secrets à la retraite, Joan Cusack, que nous voyons hélas trop peu, se démarque. Elle n’a pas besoin de dire un traître mot pour être absolument hilarante.
Malgré une durée de 90 minutes, l’œuvre comprend de nombreux temps morts. La combinaison de divers genres cinématographiques suscite un décrochage et soulève la confusion. Que vient faire ici une scène parodique à la Alien dans un film qui tente de se prendre au sérieux? Ça ne fonctionne tout simplement pas. Les blagues à saveur burlesque manquent d’originalité. On les sent à des kilomètres à la ronde. Ce qui est fort dommage, car les premières minutes laissent présager un humour cru et divertissant. Quand Amy se permet d’être salace sans censure, on jubile. Les gags sexuels vont parfois un peu trop loin et certaines se répètent, mais elles ont néanmoins le mérite d’oser, contrairement à l’ensemble du film.
Bref, une étoile pour les blagues grivoises d’Amy, une autre pour les mimiques de Joan Cusack et une demie, car Schumer et Hawn sont parvenues à créer un duo mère fille crédible dans ce fouillis total.
Note : 2,5/5
Texte révisé par : Annie Simard