Être soi complètement
©Stéphane Couturier – photoclic/MatTv.ca
Par : Marie-Claude Lessard
Jöel Legendre et Patrick Rozon, les grands manitous du Zoofest, ont imposé à Annie Brocoli une thérapie dont elle avait grandement besoin: sortir de sa zone de confort en détruisant le mythe de la chanteuse parfaite pour enfants. Découvrir l’envers du décor et les failles d’un modèle attire bien évidemment les foules, et la défloraison de (la vierge) Annie n’a pas fait exception. Devant une salle Ludger-Duvernay (la plus grosse du Zoofest) remplie d’amis, de personnalités publiques, de fans et de journalistes curieux d’assister à cette unique représentation du spectacle, Annie Grenier de son vrai nom a amorcé un fascinant nouveau chapitre professionnel avec une transparence inspirante et émouvante.
L’artiste ne pouvait rêver d’un meilleur tremplin expérimental que le Zoofest pour matérialiser cet audacieux défi. En fait, malgré quelques craques sur le vernis, La Vierge Annie s’avère l’une des plus éclatantes réussites de la neuvième édition du festival. Même si quelques rodages n’auraient pas fait de tort à l’oeuvre, son interprète, armée d’une redoutable préparation, a bien jonglé avec les imprévus et la magie reliés à une première. Par contre, sa nervosité plus que palpable a enlevé une touche d’authenticité en début de parcours. Soupirs de soulagement (et de peur), et hésitations se sont enchaînés lors de la première demi-heure, entravant l’efficacité de certaines blagues.
Devant une foule fort participative, celle qui est entrée sur scène à l’intérieur d’une géante marguerite, sa marque de commerce, a offert un survol de sa carrière (qui souligne sa majorité cette année) en se concentrant sur les coulisses d’événements phare (comme un spectacle sur la grande scène des Montgolfières de St-Jean-sur-Richelieu) et stéréotypes associés à son métier. Alors qu’elle a promis des saignements d’oreille lors des premières minutes de performance, force est de constater que le croustillant n’était pas tout à fait au rendez-vous. Il manquait des gags cinglants.
Les divers caméos, autant les prévus que les improvisés, ont magnifiquement truffé la soirée. Qui dit chanteuse pour enfants dit costumes. Les invités se sont prêtés au jeu avec brio. On a eu droit à un Roman Frayssinet en fraise, Marie-Chantal Perron en arachide, Geneviève Brouillette en compost, Anick Lemay en chou et Maxime Landry en Père-Noël!
Bref, on espère seulement que ce spectacle partira en tournée car il nous donne accès à une Annie Brocoli pétillante, allumée et attachante dans ses imperfections qu’elle se permet enfin d’embrasser.
Crédit photo : ©Stéphane Couturier – photoclic/MatTv.ca
Texte révisé par : Louisa Gaoua