Un poisson tombe du ciel
© Caroline Laberge
Par : Sébastien Bouthillier
Est-il trop tard pour sauver la Terre? Peut-être que le péril qu’encourt l’écosystème est irrémédiable. Le défi de Frédéric Blanchette, traducteur et metteur en scène de Quand la pluie s’arrêtera, consiste à représenter la pluie diluvienne tout le temps de la pièce labyrinthique… sans gaspiller d’eau.
« Le théâtre, c’est l’art des relations intimes. C’est de l’émotion. Ça ne serait pas intéressant de mettre en scène l’accord de Paris sur le climat, par exemple! Ce n’est pas ce que l’on veut au théâtre. On souhaite voir des passions, des tensions, des conflits. Et c’est ce à quoi on assiste dans cette pièce », déclare-t-il à propos de cette pièce complexe, mais émouvante, en aller-retour entre quatre générations.
La vie s’éteindra bientôt, en 2039, selon la prémonition professée 80 ans auparavant par le grand-père de Gabriel Law. Avant qu’elle ne se réalise, le jeune homme quitte Londres pour la ville australienne d’Alice Springs à la recherche de réponses à ses questions. Pourquoi son père s’est éclipsé vingt ans plus tôt? Son périple s’avère un voyage rétrospectif dans le temps; portant sur la filiation et l’affranchissement, la pièce met en scène quatre générations d’une famille.
Son aïeul a anticipé qu’un poisson tomberait du ciel pour signaler le commencement du fléau enclenchant la fin du monde par inondation, la pluie torrentielle. L’action se déroule en 2039 et recule jusqu’à 1959. Gabriel Law recevra des cartes postales énigmatiques de son grand-père décédé. Postées à des endroits emblématiques de l’Australie, ces lieux deviendront des souvenirs si le cataclysme se concrétise.
Quand la pluie s’arrêtera présage aussi la codirection artistique de Jean-Simon Traversy et David Laurin, qui succéderont à Michel Dumont à la barre du Théâtre Jean-Duceppe dès la saison 2018-2019. Ils mènent déjà la transition : leur compagnie vouée à la dramaturgie anglo-saxonne, Lab87, produit la pièce conjointement avec le Trident, de Québec.
L’auteur Andrew Bovell a habitué le public de ses compatriotes australiens à des histoires touffues d’incertitudes reliées entre elles dans des pièces qui suintent trahison et abandon, qui noient l’amour. Primée à titre de meilleure pièce en 2010, When The Rain Stops Falling illustre l’ampleur que le passé occupe dans notre existence actuelle, le plus souvent à notre insu.
Quand la pluie s’arrêtera, au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 14 octobre.
© couverture : Caroline Laberge
Texte révisé par : Annie Simard