Sans stigma et pour la liberté d’expression
© Maryse Phaneuf/MatTv.ca
Par : Ariane Coutu-Perrault
Faisant un effort pour représenter la scène montréalaise, le 77 avait prévu le groupe local Pussy Stench, groupe de punk grunge de garage se voulant féministe et dénonciateur. Très pertinent dans leur message, la jeunesse que forme Pussy Stench a beaucoup d’énergie et a servi une excellente performance dans une musique lourde et bourrée de sens.
A : Tout d’abord, pourquoi avez-vous choisi ce nom, Pussy Stench, quel est le message derrière?
Devan : De prendre un mot qui a une connotation négative, de reprendre ce stigma. Fuck that stigma. Au départ, c’était plus une blague, mais il y a un sens qui s’est déplacé autour avec le temps, plus on en discutait et on s’y identifiait et le public aussi, parfois ça leur plait, parfois ça les dégoûte, mais il y a une réaction et c’est ce qui nous pousse à continuer, c’est excitant de voir que les gens s’y intéressent. Mais c’est aussi tout simplement de ne pas être apeuré du mot, de dire pussy ou vagin ou dick, on a une chanson qui s’appelle My Dick.
Thomas : Et c’est aussi parce que c’est drôle!
D : Ce n’est pas obligé d’être pris sérieusement, les gens le prennent comme ils le veulent.
A : Est-ce que, Devan, tu ressens ce stigma ou une pression d’être une femme qui joue du punk rock, ressens-tu beaucoup de sexisme?
D : Parfois oui, mais il y a beaucoup de gens qui sont très encourageants et sont content de voir une fille sur scène, mais il y a aussi eu des moments où on ne se faisait pas prendre au sérieux à cause de nom ou parce qu’on était juste des filles au départ. C’est difficile au début parce que les gens se disent : « Ah, c’est du punk de filles ». Les gens peuvent sous-estimer le pouvoir des femmes dans la scène punk rock, ça peut être très lourd.
T : Il y a aussi l’hypersexualisation qui jouent un rôle.
Jogn : Il y a une idée qui veut que tu dois être sexy ou charismatique pour être sur scène, pour atteindre un standard où tu dois plaire physiquement aux fans.
T : Si tu es un groupe de jolies filles, tu vas mieux réussir que si tu es un groupe de filles moins jolies. Ça ne fait aucun sens. Et ce n’est pas comme ça pour les gars, ça aide, c’est sûr, mais tout le monde s’en fout s’ils sont beaux ou laids.
D : C’est dur de sortir du lot, les gens n’assument pas que tu es une bonne musicienne, ils assument que tu es la blonde d’un des membres ou peu importe.
T : C’est pour ça aussi qu’on a gardé le nom, même s’il y a maintenant deux gars.
D : On veut encore supporter cette idée!
T : Nous sommes des hommes plutôt féminins et on s’en fout. C’est ce qui fait qui nous sommes.
D : Tu n’as pas besoin d’être une femme pour être intéressé au féminisme.
J : Évidemment, puisque nous sommes féministes, ha! ha!
A : Trouvez-vous qu’il y a un manque de présence féminine au sein de la programmation 2018 du 77?
T : Je crois que oui, mais quand tu y penses, il y a un manque de groupes féminins de façon générale. C’est dommage, mais c’est la réalité. Mais ils ont quand même fait l’effort d’en avoir avec L7 entre autres.
D : Je crois que ce qui doit être fait, c’est de porter une attention plus particulière aux groupes locaux. Il y a beaucoup de festivals qui recyclent des vieux groupes qui tournent depuis 30 ans et il y a tous ces groupes locaux talentueux.
T : Même au Heavy MTL, les festivals devraient recruter plus de groupes locaux, il y en a tellement!
D : Et il y a beaucoup de groupes locaux féminins aussi, je n’arrête pas d’en découvrir.
T : Il y a tellement de bons groupes à Montréal, vraiment! Et on devrait leur donner une place ou une plateforme pour se faire découvrir.
D : Il y a de plus en plus de groupes de femmes ou avec une femme en tête. Les femmes se sentent de plus en plus empowered avec entre autres le mouvement #metoo et cette volonté d’empowerment. Il y en a plein, mais elles sont nouvelles, donc pas encore découvertes, alors on est vraiment content.es d’être présent au 77 et de représenter la scène locale.
A : Comment en êtes-vous arrivés à jouer au 77?
T : On a envoyé notre album.
D : Ouais, on a envoyé notre album et ils ont aimé. Il voulait avoir plus de groupes locaux justement.
T : Ce qui est vraiment bien. Parce que si tu fais un gros festival de punk, il faut qu’il y ait des groupes locaux, ceux et celles qui forment la VRAIE scène.
D : Ouais, la scène D.I.Y de Montréal est très forte. Il y avait No Policy qui jouait aussi qui faisait partie de la scène punk des années 80.
A : Avez-vous déjà joué au Pouzza Fest? Vous avez la mentalité Pouzza!
D & T & J : Non, mais on aimerait beaucoup.
T : Je crois qu’on serait un bon groupe pour le Pouzza effectivement. Peut-être que cette entrevue va nous aider à y jouer.
A : Je vais définitivement passer le mot!
Avec Pussy stench, le punk prend tout son sens. Pussy Stench, c’est trois musicien.nes engagé.es et intéressant.es qui se portent à la défense du sexisme, de la scène locale, de ceux qui n’ont pas de micro pour crier leur mécontentement. Un groupe et des personnalités à découvrir!!
Texte révisé par : Johanne Mathieu