« If punk was dead, I woudn’t be here » – Wattie Buchan
© Maryse Phaneuf/MatTv.ca
Le 77 Montréal voulant célébrer les premières années de l’arrivée du punk, réussit toujours à attirer les foules grâce à leur forte programmation. Cette année encore, des pionniers du punk étaient là tels que The Exploited, formé en 1978. Les vétérans du punk ont donné une performance digne de leur réputation. Même s’ils ont un certain âge ils n’essaient pas d’épater la foule avec des artifices. Ils le font en offrant une performance musicalement forte avec une énergie honnête. Wattie Buchan semble chanter ces paroles avec plaisir et de façon vraiment sentie. Un immense fuck you ambulant, le sourire aux lèvres en chantant des classiques tels que fuck the system, fuck the u.s.a. et Sex and Violence. Ils ont d’ailleurs fait monter les gens sur scène lors de cette dernière chanson.
J’ai eu l’immense plaisir et honneur de m’entretenir avec Wattie Buchan, chanteur du mythique groupe Écossais dans une entrevue hors du commun. Wattie Buchan a pris le contrôle de l’entrevue, de façon un peu chaotique et très punk, tout en respectant mon très jeune âge. L’homme qui parle fort et qui n’a pas la langue dans sa poche a été également très généreux et sympathique. L’homme de 62 ans a engagé la conversation comme si de rien avec un accent corsé pour faire place à un moment unique et magique.
Wattie : Tu as aimé le spectacle? cool! on avait encore 10 chansons à jouer. On joue normalement plus longtemps, mais ils nous ont coupés vu l’horaire. Mais c’est toujours un plaisir de jouer au Canada grâce aux gens qu’on rencontre. On a été dans plusieurs pays et ce qui compte c’est les gens que tu rencontres, l’expérience que tu en fais. America is shit, mais le canada est brillant, j’adore le Canada. Comme l’Écosse est mieux que l’Angleterre en général les gens sont plus amicaux en Écosse, comme le Canada.
Q : Vous étiez présent en 1977
R : J’avais 20 ans en 77. J’ai joint l’armée de 75 à 77 et je suis tombé dans le punk 78, ça changé ma vie.
Q : Pourquoi avez-vous décidé de créer le groupe?
R : Je n’arrivais pas à me trouver une job. J’avais mon mohawk. Dans ce temps-là si tu avais un mohawk tu ne pouvais pas rentrer dans les clubs, les gens te pointaient du doigt et disait » look as mess up is that cunt » Si je voulais une job il aurait fallu que je change mon look. I was like fuck off. Donc j’ai créé un band.
Q : C’est donc très différent et plus facile être punk aujourd’hui ?
R : Ha! Il y a une immense différence, immense!! Quand le punk a commencé il y avait beaucoup de genres musicaux, de music fashion. Mais le punk c’était différent. Dans les années 80, il y avait tellement de pauvreté, de gens sans emploi. Donc le punk c’était de la musique fâchée, c’était une libération et c’est pour ça qu’on a commencé le groupe. Je chantais des chansons pour la classe ouvrière qui n’avait pas d’argent et qui vivait la vraie pauvreté. C’est comme ça que le punk est devenu plus fort, dans la deuxième génération, c’était ces gens-là. Et une dizaine d’années plus tard, tout le monde avait des mohawk, fkg David Beckhamn et les coiffeurs en faisaient, et ça ne voulait plus rien dire . Au départ quand on en avait un c’était une protestation contre la société. Ensuite le punk est devenu plus discret, plus undeground. Je pense qu’aujourd’hui ça se rapproche un peu plus de quand on a commencé.
Q : Pensez-vous que la musique a évolué d’une bonne façon?
R : Pour moi le punk c’est de la musique violente qui porte un message, on écrivait des chansons qui critiquait les gens, des protestations contre la société et puis les Américains, fkg cunts , se sont mis à faire du poppunk shit comme Greenday, le poppunk était présent sur MTV, mais c’était trop pop et pas assez punk. How the fuck you’d be pop and punk? Ca ne fait pas de sens, le punk c’est agressif, en marge de la société fkg here’s in your face music. Donc tous ces bands qui étaiet connus, à la radio et à la télé, shut’up fkg wank. Mais maintenant, you kids, vous avez des bons bands undergrounds, des nouveaux bands qui n’a rien avoir avec le poppunk.
Q : J’allais vous demandez si vous étiez encore fâché après tant d’année, et clairement oui.
R : Haha, je ne suis pas aussi fâché que je l’étais. J’essaie de ne pas être aussi fâché, mais c’est un peu un problème à cause de ma condition au coeur. Je suis encore fâchée, mais je me contrôle. J’ai fait de la drogue pendant 45 ans, tous les jours je faisais de la speed, j’avais un énorme problème.
Q : Vous êtres sobre maintenant?
R : Complètement sobre depuis 6 ans, depuis mon opération au cœur. J’ai du changé ma vie, grâce à ça, je vais pas mourir tout de suite yay!
Q : Mais cette colère que vous avez, est-ce qu’elle vous aide à écrire des chansons?
R : Tous les albums que nous avons faits pendant 40 ans. J’étais toujours fâché quand j’écrivais une chanson, mais je ne peux plus me permettre autant de colère à cause de ma santé. Je suis sensé être mort donc c’est dur d’être fâché. Mais je veux être angry as fuck pour écrire. On pourrait faire plusieurs albums demain, mais ça serait de la merde. Et je ne ferais jamais, jamais ça, il y a plusieurs bands qui font de la musique juste pour l’argent. Je ne ferais jamais un album si je ne pense pas que toutes les chansons sont à 100% à leur meilleur, je ne dis pas qu’on est les meilleurs musiciens, mais on donne tous ce qu’on a. Si on ne faisait pas ça, ça serait de rire de nos fans.
Q : Vous n’aviez pas ce genre d’organisation à votre époque, comment vous trouvez ça d’être au 77 ?
R : C’est un privilège! Pendant 20 ans j’ai vécu dans un van pour jouer de la musique et il n’y avait rien comme ce genre de festival. J’ai même vu une famille au festival aujourd’hui.
Q : Quels serait les groupes avec qui vous aimeriez jouer dans ce genre de Festival?
R : The destruction d’Allemagne, Exodus, Ukar et…c’est pas mal ça.
Q : Pensez-vous que Montréal est différent pour le punkrock?
R : Je sais pas, mais j’adore Montréal et je ne sais pas pourquoi, mais Montréal nous aime quand on pense à l’émeute de 2003 (le groupe avait été refusé aux douanes). Je crois que je fais une association, donc j’adore Montréal.