Un héritage musical qui traverse les générations
© Antoine Saito
Par : Christian Gaulin
Même 30 ans après le décès de Félix Leclerc, sa musique, ses textes et ses poèmes continuent à voyager et à traverser les époques et les générations. Mercredi et jeudi soir, à la Maison symphonique de Montréal, on nous présentait le spectacle Hommage à Félix Leclerc avec l’Orchestre symphonique de Montréal et douze artistes d’ici.
Découlant de l’album Héritage : hommage à Félix Leclerc paru en novembre 2018 où dix jeunes artistes de la relève reprennent des pièces du légendaire poète avec un quintette à cordes de l’OSM, Simon Leclerc, chef associé de la série OSM POP, voit plus grand et transpose le projet sur scène. Le chef d’orchestre, qui n’a aucun lien de parenté avec le grand Félix, assume avec brio la direction musicale et l’adaptation symphonique du concert.
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Inoubliables et indémodables, les chansons de Félix Leclerc ont pris une allure symphonique fort agréable pour l’oreille et réussie lors de ce chaleureux hommage rendu à l’auteur-compositeur-interprète engagé qui a marqué le temps. Son œuvre a été livrée par une pléiade de jeunes et nouveaux artistes québécois, dans un esprit de passage du flambeau entre les générations.
On a pu y découvrir Élémo (Marc-Olivier Jean), un slameur d’origine haïtienne né à Montréal qui nous accompagnera tout au long de la soirée, récitant des extraits de textes de Félix dont Les Flâneurs. Par la suite, Mon Doux Saigneur a chanté Notre sentier, Salomé Leclerc, la chanson Présence, Pierre Parent, Bozo et Y’a des amours à l’harmonica, brillamment interprétées.
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S’en suivent Lou-Adriane Cassidy avec La vie, l’amour, la mort, Sam Harvey avec la pièce Douleur, Lydia Képinski qui récite un extrait du texte L’an 1, Émile Bilodeau avec une version très dynamique de Les 100 000 façons de tuer un homme, Éric Charland qui nous livre Le jour qui s’appelle aujourd’hui, Matt Holubowski et sa version de la chanson Ailleurs, ainsi que Charles Landry avec son Blues pour pinky.
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À cette belle gang, sont venues se greffer les magnifiques voix de Marie-Denise Pelletier et Marie-Élaine Thibert qui ne se retrouvaient pas sur l’album. J’ose imaginer qu’on les a intégrer au spectacle, outre pour leurs grandes voix, possiblement pour plaire à une génération plus conservatrice des interprétations de Félix leclerc et certainement pour aider à la vente des billets du spectacle. Marie -Denise nous a offert une prestation sublime des chansons Le p’tit bonheur et Ce matin-là. Quant à Marie-Élaine, qui a nommée sa fille Marie-Félix en l’honneur du poète, elle s’est grandement amusée avec ses versions de Sors-moi donc Albert, aux airs «jazzés» et Le tour de l’île, très touchante.
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Marie-Denise Pelletier et Marie-Élaine Thibert nous ont fait le grand bonheur d’unir leur voix afin de nous offrir l’un des plus grands succès de Félix Leclerc, l’Hymne au printemps, un moment fort en émotion et en intensité qui leur a valu une ovation debout. Tout ça accompagné par la mélancolie de l’Orchestre symphonique de Montréal et ses 70 musiciens. Un moment grandiose!
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Sur une touche humoristique, le chef Simon Leclerc, n’ayant personne pour interpréter la très connue Moi, mes souliers, a choisi de nous la chanter, de face, tout en dirigeant son orchestre, de dos! Ce fut un moment fort sympathique, cocasse et réussi. Outre sa baguette, il a définitivement de la voix, le chef!
Dans son ensemble, ce fut une belle soirée, appuyée par des superbes arrangements musicaux de Simon Leclerc et la découverte de plusieurs artistes de la relève de talent. Pour la mise en scène, on repassera… Les artistes se sont succédés uns à uns, racontant leurs premiers souvenirs avec l’univers et l’oeuvre de Félix Leclerc, précédés d’un technicien de scène venant placer ou enlever le pied de micro. Je me suis senti davantage dans une procession mortuaire plutôt que dans la célébration d’une oeuvre…
Pour le dernier tour de piste, tous les artistes du concert se sont retrouvés sur scène pour une dernière chanson et ont entonné Le train du nord pour ainsi rendre un dernier hommage au grand poète qu’était et qu’est toujours Félix Leclerc.