Rodin/Claudel de Peter Quanz
©John Hall
Deux artistes célèbres, Rodin / Claudel vivent une histoire d’amour tumultueuse et tragique. C’est sur ce récit que se base ce ballet du chorégraphe canadien Peter Quanz.
Auguste Rodin et Camille Claudel étaient les deux célèbres sculpteurs français du 19e siècle. Claudel a commencé sa carrière comme apprentie dans l’atelier de Rodin. Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre, malgré une différence d’âge de 24 ans. Le récit de leur collaboration et de leur histoire d’amour constituent la majeure partie du premier acte.
Leur relation prendra fin car Rodin reste attaché à sa maîtresse, la couturière Rose Beuret, que Quanz dépeint comme une femme sombre silhouette. Le deuxième acte sera la descente de Claudel vers la folie. Elle passera les 30 dernières années de sa vie dans un asile dans le sud de la France oubliée de tous.
Quanz a également créé un grand rôle pour le jeune frère de Camille, Paul Claudel. Il est décrit comme un arriviste sans pitié, qui utilise sa sœur pour atteindre le sommet.
©John Hall
Le cœur du ballet est l’ensemble composé de 12 danseurs, six hommes et six femmes, dont Quanz appelle Sculptures. Le port de combinaisons de couleur chair crée des mouvements qui amplifient le modelage des corps. Ils reflètent aussi l’évolution des humeurs des personnages principaux comme une sorte de chœur grec. La lenteur de leurs mouvements les présente comme des pièces réelles d’art, évoquant des œuvres telles que Le Penseur de Rodin et Le Baiser. À d’autres moments, ils prennent des formes abstraites dans l’espace, créant un ensemble de tissage qui se déroule comme un kaléidoscope.
L’ensemble de Michael Gianfrancesco est simple et efficace. Il y a un mur carrelé qui change de couleur pour refléter l’évolution des humeurs et une grande plate-forme. Les costumes d’époque évoquent le 19éme siècle avec élégance.
Quanz est avant tout un chorégraphe néoclassique, et ce mouvement est très marqué dans le ballet. Il a créé de beaux enchaînements pour les duos d’amour, ils sont reflétés dans les sculptures dans un reflux de douceur et un débit physique intense. La façon dont Rodin / Claudel dansent avec leurs sculptures produit un beau rendu dans le processus de créations des artistes par le toucher quasi érotique et les caresses.
Pour la trame sonore, Quanz a choisi un éventail de compositeurs français – Berlioz, Debussy, Poulenc, Ravel, Roussel et Satie. Le compositeur moderniste russe Alfred Schnittke est là pour apporter de l’obscurité et de la dissonance. L’ensemble orchestral donne une cohésion à l’œuvre avec une grande douceur.
https://www.youtube.com/watch?v=HTMNntXm-us
Quanz a choisi un sujet ambitieux et a fait preuve de courage en tant que conteur chorégraphe. Corps et sculptures ne faisant qu’un, Rodin / Claudel est assurément la plus belle mise en scène des Grands Ballets.
Crédit Photo: ©John Hall