Un gala célébrant notre télévision
Pour la 38e édition des prix Gémeaux, on retrouve un Pierre-Yves Lord drôle, chaleureux et réconfortant à l’animation. Il nous propose un gala festif et intime avec une pointe de nostalgie qui nous rappelle qu’au Québec on a de la bonne télé !
Un gala avec beaucoup de variété
Le gala début avec un numéro d’ouverture vibrant. Le tout débute dans le noir, on retrouve Pierre-Yves Lord qui nous raconte, de la manière dont on raconte une histoire, la magie de la télévision. Un beau moment intime et qui nous amène tout de suite dans un autre univers. Puis le gala débute, il commence par nous confier son anxiété quant à l’animation de ce premier gala. Par contre, il n’en est pas à son premier party. Il nous promet donc une soirée haute en couleur qui nous rappellera nos propres partys qui finissent aux petites heures. Puis, avec le premier numéro de variété on retrouve la chorale de Y’a du monde à messe, les choristes d’En direct de l’univers, les gagnantes de La Voix et de Chanteurs masqués et nos favoris de Zénith et Patsy Gallant. Ensemble, iel nous offre un numéro de variété qui nous en met plein les yeux et nous donne l’envie de danser avec elleux. Le tout est entrecoupé par un rappel des moments forts de notre télévision québécoise de cette année. Je dois avouer que ce rassemblement légèrement épique est venu me toucher et je crois m’a encore plus donnée le goût de voir ce que la télé québécoise nous réserve cette année !
Pierre-Yves Lord assure une animation énergique, chaleureuse et revigorante ! Il nous propose des animations ludiques et surprenantes qui nous font bien rire. On peut seulement penser à sa course folle avec Pierre-Luc Funk dans les différents décors de nos émissions favorites ou lorsqu’il revisite des moments télévisuels, mais modifiés avec l’intelligence artificielle : Christian Bégin à l’Île de l’amour ou encore une scène entre Marina Orsini et Pierre-Yves Lord, à la place de Roy Dupuis, dans Les filles de Caleb. Il n’en manque pas une pour nous faire rire. Une première animation très réussie qui a su rendre le gala inoubliable.
Qui dit gala dit prix
Je ne pourrais pas vous parler des Gémeaux sans mentionner quelques lauréats. J’ai d’ailleurs eu la chance de m’entretenir avec quelqu’un.e d’entre elleux suite à leurs victoires !
Le premier prix de la soirée a été attribué à la meilleure comédie ou comédie dramatique et c’est la saison 2 de Complètement Lycée qui a raflé ce prix aux quatre autres nominations. Je me suis d’ailleurs entretenue avec Rosalie Vaillancourt, interprète principale et à la base du projet, Alec Pronovost : Réalisateur et scénariste ainsi que Marc S. Grenier, producteur. Je leur ai d’abord demandé ce que ça fait de recevoir ce prix ? Tout de suite, iels m’ont signifié comment ça leur faisait chaud au cœur d’avoir gagné, c’est d’ailleurs le deuxième prix qu’iels remportent cette semaine.
Selon elleux, c’est un projet qui a été facile à créer. Cependant, au début c’est un peu une idée qui était difficile à vendre. Pour elleux c’est un peu une concrétisation que cette émission en vaut la peine. La première saison surtout guidée par la série culte : Les frères Scott et le film Cinderella story nous emmène dans un univers un peu loufoque et pas vraiment exploiter au Québec. Pour la saison 2, les inspirations seront plutôt portées vers Buffy contre les vampires et Thirteen going on thirty. Selon elleux, cette comédie se démarque puisque l’équipe de Noovo les laisse aller au bout de leurs idées, même si iels ne comprennent pas tout le temps. Le concept se doit d’être légèrement vulgaire et un peu sarcastique et le diffuseur permet d’y aller au complet sans trop questionner, chose qui se fait rarement. Marc S. Grenier, rajoute que pour Production J, c’était une idée parfaite, très complète et bien servie comme projet. Avec des noms tels que Rosalie Vaillancourt, Katherine Levac, Pierre-Yves Roy Desmarais et Alec Pronovost, on ne se trompait pas ! Finalement, si vous ne le saviez pas, le projet a d’ailleurs été repris en France ! Selon les récipiendaires du prix, le caractère moqueur de la série vis-à-vis le doublage international et la mondialisation américaine permet à plusieurs publics de s’approprier cette série. Sans oublier que même si c’est plutôt les 25-35 ans qui ont écouté les séries prises en inspirations, elles existent aussi dans l’imaginaire collectif et c’est pourquoi tous.tes et chacun.e peuvent apprécier cette satyre.
Une autre émission qui n’est pas tombée inaperçue est la nouvelle fiction de Xavier Dolan, La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Patrick Hivon a reçu le meilleur premier rôle pour une série dramatique et Anne Dorval quant à elle a reçu meilleur rôle de soutien pour une série dramatique. Patrick Hivon marque d’ailleurs un retour dans l’univers dramatique avec cette série. Son discours franc et authentique a su émouvoir le public et lui-même semblait bien honoré un moment fort du gala
Le prix du public à quant à lui été décerné à l’émission Discussion avec mes parents. J’ai d’ailleurs pu m’entretenir avec François Morency. Il nous confie qu’il est très reconnaissant d’avoir gagné ce prix, c’est d’ailleurs le premier prix pour cette série. Malgré que ça fait six saisons que cette série existe. Il trouve que c’est l’un des plus beaux prix qu’il aurait pu recevoir.
Cette année, vous avez sans doute pu le constater. Le Québec était bien divisé entre la série Stat, nouvelle quotidienne de Radio-Canada et Indéfendable, quotidienne de TVA. Bien que ce soit Indéfendable qui a remporté le Gémeau meilleure série dramatique quotidienne. Stat à tout de même remporter trois prix, soit meilleur premier rôle : série dramatique quotidienne avec Suzanne Clément, meilleur rôle de soutien : série dramatique quotidienne avec Geneviève Schmidt et meilleur texte : série dramatique quotidienne avec Marie-Andrée Labbé. Les trois s’attendent pour dire que tourner une quotidienne, c’est un peu comme un marathon.
Avec Suzanne Clément, on a abordé l’exigence de travailler dans une quotidienne, mais aussi son retour à la télévision de manière quotidienne. Elle a choisi ce projet, puisque les gens qui composent ce projet, que ce soit Fabienne Larouche ou Marie-Andrée Labbé, proposent des idées différentes et qu’on ne voit pas souvent à la télé. Un projet selon elle unique et intéressant qui l’a beaucoup interpellé.
Pour Geneviève Schmidt, je me suis plus attardé sur la théâtralité présente dans son jeu qui lui permet souvent de se démarquer. Selon elle, l’avantage d’une quotidienne c’est la possibilité de pousser plus loin ces personnages et de creuser leurs personnalités. D’ailleurs cette saison, son personnage sera exposé à différentes intrigues qu’elle n’a jamais eu la chance d’explorer, c’est-à-dire des drames romantiques et flirts. Elle a bien hâte d’explorer ce nouveau côté d’Isabelle
Puis Marie-Andrée Labbé nous explique aussi que ce sont les intrigues de ses personnages et les répercussions d’ordre plus humaines qui l’intéressent et la nourrit en tant qu’autrice. C’est d’ailleurs ce qui démarque cette série des autres drames médicaux, le côté humain qu’on y retrouve.
Je ne pourrais pas passer à côté du magnifique moment que j’ai eu avec France Beaudoin, qui a remporté le prix de la meilleure animation d’une émission spéciale ou série : variétés ou arts de la scène. Ensemble, nous avons abordé le côté rassembleur de l’émission chouchou du Québec En direct de l’univers qui permet aux générations de se rencontrer toutes les semaines depuis quinze ans. Et je dois aussi mentionner que le prix de la meilleure animation : humour remporté par Katherine Levac avec sa dernière animation du gala des Olivier n’était pas mois qu’inspirante. Nous avons abordé brièvement, comment c’est important que des femmes aient leurs places sur la scène humoristique au Québec et la reconnaissance de la place de l’humour dans l’écosystème artistique. Deux rencontres qui m’ont marquée.
J’ai aussi pu parler à l’un de mes chouchous des dernières années, pour ne pas faire de mauvais jeu de mots avec la série qui a écrit lui-même Simon Boulerice. Il a d’ailleurs remporté le Gémeau Meilleur texte : série dramatique, pour cette même série. Ensemble nous avons parlé des thématiques plus glissantes abordées dans Chouchou. Une de ces grandes inspirations de l’auteur est le film Crash qui aborde une pente émotionnelle similaire. Avec Chouchou il voulait montrer que même les personnes les plus vertueuses peuvent aussi commettre des actions questionnables. Il voulait créer une empathie critique chez le.la spectacteur.trice, procédé intéressant, utilisé par les auteurices pour faire avancer un arc narratif différent. Dans tous les cas, Simon Boulerice le réussit avec sa série et cette victoire ne fait que le confirmer.
C’est finalement, la série Avant le crash qui a remporté le Gémeau pour la meilleure série dramatique. Personnellement, je n’étais pas très surprise puisque cette série a su toucher une grande partie du Québec. Éric Bruneau, auteur et interprète principal de cette série remportent pour la première fois un Gémeau. C’est l’une de ces grandes fiertés. De manière très humaine, il prend le temps de discuter avec moi de son personnage, mais aussi processus créatif. Les thèmes principaux de la série sont l’argent, l’égo et l’ambition, c’est donc certain que les personnages de la série ne seront pas les personnages les plus vertueux. Mais en tant qu’auteur et interprète c’est le défi dans cette œuvre et un peu ce qui en fait sa beauté. Cette série partie de manière très intime : de son couple et ses ami.e.s est maintenant porté par le Québec. C’est assez impressionnant et pas du tout ce qu’il avait prévu, mais en très reconnaissant !
La 38e édition des Gémeaux nous prouve encore une fois qu’on fait de la bonne télévision au Québec. Puis l’animation par Pierre-Yves Lord porte bien le gala. Nous avons déjà hâte de voir ce que nous réserve la prochaine année télévisuelle.
Je vous laisse l’article de ma collègue Marie-Ève Archambault, qui pour sa part a couvert le tapis rouge