Sans ménagements
Par : Jean-Claude Sabourin
Le 3 octobre dernier avait lieu au Théâtre Denise-Pelletier la première de la pièce Inframonde. Avec un texte de Jennifer Haley et une mise en scène de Catherine Vidal, la pièce nous présente trois personnages et leurs ténèbres formant un bestiaire qui s’anime dans des univers présentiel et virtuel. Alors que le monde s’écroule, où un jardin et un arbre, le dernier peuplier au monde, participent à une richesse indécente, un monde virtuel devient le lieu véritable, l’inframonde.
La vérité du lieu devient alors le centre de la pièce. Cette vérité est la pierre d’assise de la démangeaison morale que l’on subit tout le long du spectacle. En effet, il n’y a aucune zone de confort dans ce tableau que l’on nous brosse d’un avenir plus ou moins lointain. Alors que les personnages peuvent passer du monde réel à l’inframonde en tout facilité, tels des vases communicants, on se questionne sans cesse sur les motivations qui engendrent leurs actions dans un univers ou dans l’autre.
Surtout qu’il s’y passe des choses innommables, dans l’inframonde. Il existe un endroit là-bas, le refuge, où des adultes consentants jouent des rôles au mieux condamnables, au pire criminels. À cet égard, le nom de la maison de production du spectacle, La Bête humaine, trouve tout son sens.
Tout le long de cette pièce présentée à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 21 octobre prochain, des notions de consentement éclairé, de santé mentale et d’empathie nous effleurent l’esprit sans jamais trouver d’alcôve où se nicher. L’avatar nommé « Monsieur Dubois » joué par Fabrice Yvanoff Sénat nous donne bien quelque espoir d’humanité. Peine perdue.
Comme le propose la pièce Inframonde, dans la perspective où la technologie humaine permettrait de ressentir physiquement les interactions qui surviennent dans un monde virtuel; qui plus est, un univers dans lequel on pourrait se téléverser indéfiniment et y terminer sa vie, le spectacle nous oblige à revoir notre posture face à la virtualité.
Tout monde « vrai », par lequel on ressent et interagit avec autrui, peu importe sa nature, ne peut être qu’un simple lieu d’assouvissement des pulsions. Il faut que ça soit un monde où les mots soins, bienveillance, rétablissement, responsabilité ou amour gardent leur sens. La pièce Inframonde nous montre bien pourquoi.
Les autres interprètes de la pièce sont : Anaïs Cadorette-Bonin, Yannick Chapdelaine, Rose-Anne Déry et Igor Ovadis.
Pour vous procurer des billets, visitez le site Internet de la salle.