OSM : Stravinsky et Ravel à l’orgue
Par : Annie Dubé
J’avais cru qu’il y aurait aussi un orchestre, mais j’avais mal imaginé. C’est un concert dont la vedette est l’orgue. Voire même, deux orgues, à huit mains, ainsi qu’un percussionniste occasionnel au balcon. Un concert unique, où l’on a pu entendre des pièces classiques de Stravinsky et Ravel, pour une rare fois de nos vies, à l’orgue. Le tout, présenté par l’OSM à la Maison symphonique le 25 mai 2024 par un joli samedi d’après-midi ensoleillé.
Ma première pensée, dès les premières secondes, a été un inconfort auditif. J’avais mal aux oreilles. Un peu comme si tout était trop fort, quand ça a commencé en grandes pompes. Comme si l’instrument, à lui seul, était trop puissant pour la sonorisation. Comme un spectacle où on se dit qu’on deviendra sourd à force de célébrer la musique. Puis, la douceur sonore revenait et repartait. Disons que cela faisait changement!
Une brochette d’œuvres
Lors de la première moitié du concert, ces morceaux se sont enchaînés :
Sonate pour orgue no 1 en ré mineur : III. Final de Alexandre Guilmant, ; Vierne, Symphonie pour orgue no 3 en fa dièse mineur, op. 28 : IV. Adagio de Vierne ; Prélude et fugue en sol mineur, op. 7, no 3. de Marcel Dupré, et Boléro sur un thème de Charles Racquet de Pierre Cochereau. Durant ce dernier numéro avant l’entracte, on a eu droit à une sorte de demi Boléro de la distorsion. Rythmes similaires à Ravel, mélodies différentes.
Alors voilà que ce concert que j’ai commencé à me dire que ceci est l’expérience la plus psychotronique du monde. Avec des sons d’OVNI un peu Nouvel âge, sur un tempo de fanfare de soldats de plomb. Quelque part entre une scène indescriptible, qui rappelle l’espace libre entre l’horreur et la beauté dans une ambiance sonore aux airs de cathédrales gothiques invisibles, au coeur de cette salle symphonique magnifique.
Le dessert du concert
Puis, après la pause, Le sacre du printemps fut une expérience semblable à une transe hypnotique, mais plutôt cacophonique. Il faut dire que ce qui impressionne, c’est de voir les musiciens s’activer, les bras et les jambes comme des pieuvres, puis faire une pirouette sur le banc pour se retourner vers le public entre chaque pièce, comme les peintres qui peignent la musique avec les orteils. Énorme respect pour ces gardiens d’un instrument pas du tout de notre époque.
Puis, le Boléro de Ravel a ramené l’harmonie au sein de nos tympans. Enfin, une mélodie plutôt qu’une expérience délirante. Ça faisait œuvre utile, régénérant ainsi nos cerveaux dans ce voyage sans repère, réparant les cellules de nos organes, de par sa valse sans danseurs.
C’est donc pour l’expérience complètement inusitée, quelque part dans l’imaginaire collectif, entre nos lointains souvenirs de musique d’église et de films de vampires, qu’on y va, ou qu’on n’y va pas. Il faut vraiment apprécier l’instrument, ou en être curieux, car tout ne tient à peu près qu’à ça.
Étrange moment mémorable. Pour les amateurs, un autre événement mettant en lumière l’instrument sera présenté dans les prochaines jours. Du 28 au 30 mai, vous pourrez découvrir La majestueuse Symphonie avec orgue de Saint-Saëns. Il reste des billets sur le site Web de l’OSM.
Artistes :
Olivier Latry, organiste émérite de l’OSM
Shin-Young Lee, organiste
Avec la participation d’Isabelle Demers et de Jean-Willy Kunz
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