Le vent et le temps
Par: Jean-Claude Sabourin
Soleil Launière, l’artiste innue, se produisait en chanson au Jardin botanique de Montréal le 14 juillet dernier. Elle est reconnue comme une performeuse multi-disciplinaire, mais c’est en musique qu’elle s’est fait remarquée ces deux dernières années; remportant les Francouvertes, puis étant nommée Découverte 2024-2025 par Radio-Canada. Le Jardin l’a invitée dans ce contexte.
C’est donc dans l’air sirupeux d’un concert dominical et caniculaire qu’une petite foule s’est rassemblée, cherchant l’ombre autour de la clairière où avait lieu le spectacle. Une espèce d’halo d’individus s’est formé en périphérie de la scène. Trop heureux de fuir le plomb du soleil.
Le vent s’est pourtant levé en musique alors que l’artiste avançait vers la scène, comme une marche nuptiale entre elle et le paysage bucolique où elle évoluait. Elle portait sur sa tête, en équilibre, un bout d’arbre, rappelant la tortue qui porte le monde dans la mythologie innue. Rien ne bougeait, mais on entendait clairement le souffle sur le Pekuakami.
Puis le temps est apparu, marqué par le tambour; suspendu par une chaleur trop lourde, mais véritable dans nos corps. Le vent et le temps, balises du territoire, thème cher à la chanteuse originaire de Mashteuiatsh. Elle y fait référence à quelques reprises pendant sa prestation.
Je ne connais pas beaucoup Soleil Launière, mais à la lecture des informations que l’on retrouve à son sujet, il s’agit d’une artiste entière et hors-normes. C’est exactement ce que j’ai vu et entendu au Jardin botanique.
Par ailleurs, j’aime bien utiliser des analogies afin que le lecteur puisse se faire une idée de la prestation. Dans ce cas-ci, je dirais que Soleil Launière me rappelle Kate Bush, mais en version innue. Ce qui n’est pas rien en fait.
Bref, malgré la chaleur qui engourdit tous les sens, Soleil Launière arrive à nous transporter dans un territoire soufflant son vent à lui et marquant un temps immémorial.