Sublime!
Par : Lynda Ouellet
Les Alpes bavaroises nous ont accueillis ce jeudi 14 novembre à la Maison symphonique. Au menu, La grandiose Symphonie alpestre de Richard Strauss avec notre chef Rafael Payare. Le concert, d’une durée de 82 minutes avec entracte de 20 minutes, a d’abord commencé avec Jeder Baum Spricht d’Iman Habibi suivi du Concerto pour piano no 3 de Beethoven.
Parlons d’abord d’Iman Habibi!
Parmi de nombreux prix reçus, Iman Habibi a été, entre autres, trois fois récipiendaire du prix SOCAN pour des musiques de film. Ce prodige de trente-neuf ans d’origine iranienne, commence à l’âge de cinq ans avec le piano et se dirige rapidement à treize ans vers sa première composition. C’est à dix-sept ans qu’il déménage au Canada et qu’il aborde sérieusement des études en composition. Il obtient son doctorat à l’Université de Michigan. Depuis, sa renommée est internationale.
Ce soir, Jeder Baum Spricht (chaque arbre parle) met en relief une réflexion sur la crise climatique en parallèle avec les 5e et 6e Symphonies de Beethoven. On reconnaît dans sa composition l’empreinte de romantisme, de suspense, de l’émotion qu’on retrouve dans certains films à grand déploiement. Sept minutes de volupté qui nous donnent envie de l’entendre à nouveau.
Le phénoménal Bruce Liu!
Saviez-vous que ce jeune homme de vingt-sept ans a choisi ce nom de scène, Bruce Liu, pour faire un clin d’œil à sa ressemblance avec le légendaire Bruce Lee.
Lauréat du premier prix du 18e Concours international de piano Chopin en octobre 2021 à Varsovie, Bruce Liu est devenu une star mondiale. Cet autre prodige d’origine chinoise est né à Paris et à l’âge de six ans s’est retrouvé à Montréal. Sa victoire à Varsovie lui a ouvert les portes des plus grandes salles de concert du monde.
Changement au programme, il nous présente, ce soir, le Concerto pour piano n° 3 de Beethoven. On reconnaît les qualités du jeu de Liu, son dynamisme, sa légèreté, tout en élégance et en spontanéité. On ferme les yeux et on se laisse emporter par la beauté de l’équilibriste dont les doigts flottent sur le clavier de son piano en totale maîtrise. Ces notes sont si rapides à dévaler le piano et Bruce Liu si calme lorsqu’il les exécute. On est littéralement cloué à notre chaise par l’intensité et la douceur de sa prestation.
L’auditoire a aimé, et suite aux applaudissements nourris, Bruce Liu nous a présenté Chopin en rappel. Une merveille!
Strauss et Payare, l’immensité!
Pour la deuxième partie, un contraste s’installe avec la Symphonie alpestre de Richard Strauss. L’amplitude sonore prend de l’expansion, et on se retrouve dans l’immensité des Alpes bavaroises. Pendant quarante-sept minutes et, tenez-vous bien, en vingt-deux parties qui se joueront en continu, on se voit gravir une montagne, faire des arrêts pour admirer les différents animaux, la vue, le vent, le grondement du tonnerre qui s’approche ou la majestuosité de ces montagnes bavaroises.
Rafael Payare, tout en puissance et contrôle, dirige les musiciens de l’Orchestre symphonique, une fois de plus, avec virtuosité et passion. Le déploiement est gigantesque. Différents instruments, l’orgue Pierre Béique, les cors invités (élèves de l’UdM, du Conservatoire et de McGill) en arrière-scène, la centaine de musiciens sur la scène, on ne peut que s’incliner et admirer. Ils sont prêts pour leur tournée européenne que vous pourrez suivre ici. Notre maestro et les musiciens de l’OSM ont la forme.
Faites-vous plaisir de voir un concert à la Maison symphonique, car celle-ci est un refuge parfait pour se sentir bien et habité de joie en ces temps de changements multiples. La beauté à portée de main!