Quand Star Trek et Dollarama s’empare d’un roman du 16e siècle
Par : Luc Lecavalier
Depuis mercredi et jusqu’au 22 février, le Théâtre Denise-Pelletier présente la pièce Le Prince, réadaptation en théâtre du livre du même nom de Nicolas Machiavel. Dans cette pièce qui n’a rien à voir avec un conte du 16e siècle, science-fiction, fantaisie, humour et capitalisme se mêle pour une représentation peu classique et satirique du pouvoir.
Dans un univers post-internet, les humains ont fui la Terre à bord de vaisseaux-entreprises, les Globotrons. L’histoire, rendue possible grâce à une collaboration avec le Théâtre du Futur et le Théâtre du Double Signe, raconte le récit d’un prince (Olivier Morin) qui a récemment hérité de l’empire de Midi-Six.
Son père, Lorenzo (Stéphane Crête), décédé mais reconstitué sous forme d’hologramme, ne voit pas comment son fils bien maladroit et peu qualifié pour la politique pourrait tenir les rênes. Surtout quand la puissante et maléfique Nikole (Marie-Claude Guérin), présidente du Globotron de Dollarama, débarque pour absorber le vaisseau-entreprise de Midi-Six, « à une piace, et pas une cenne de plus! »
Pourquoi vouloir régner?
C’est sans compter Katerina (Ann-Catherine Choquette), la fille de Lorenzo, servante malgré elle et toujours en train de ramasser les pots cassés, et Mike (Guillaume Tremblay), le bras droit de Nikole, qui n’hésite pas à changer de camp pour servir ses intérêts. Chacun des personnages tente de prendre pouvoir sur les autres, mais hésite sur la technique.
Le totalitarisme a pris toute la place, mais la démocratie peut-elle ressusciter? Lorsque les personnages, après une série d’événements, regagnent une Terre où l’ordre a disparu, le pouvoir devient soudainement beaucoup moins attrayant.
Divertissant du début…jusqu’aux 30 dernière minutes
Grâce à un récit qui se prête au ridicule, on assiste à un show pour le moins hilarant. Si l’histoire est loufoque, la technique est impeccable. La présence autoritaire et très démonstrative des comédiens, ironiquement, rajoute au comique de la pièce!
Les nombreuses blagues sur les cartes cadeaux comme monnaie d’échange, ou le fait de régner et de « filtrer les CV » nous plongent dans cet univers où le pouvoir est constamment mis à pied, bien que le message soit ici relégué au second plan. La répétition de ces blagues essouffle un peu la pièce vers la fin de la représentation.
Le personnage principal d’Olivier Morin, auteur du texte avec Guillaume Tremblay et de la mise en scène, est relégué au second plan lui aussi. Sur une note plus personnelle, le personnage de Marie-Claude Guérin fait rire à chaque dialogue, et Stéphane Crête est tordant dans un personnage aux allures de « Spock » dans Star Trek (à l’exception que ce Spock-ci porte un legging). Un spectacle fascinant, coloré et qui nous fait voyager dans le cosmos du comique!