Une pièce intime ancrée dans sa vulnérabilité et son urbanité

Par : Marie-Christine Jeanty
Le spectacle Je comprends. Respect. est un spectacle qui à travers le parcours d’Étienne Lou (auteur, comédien et danseur) amène le public à réfléchir sur l’intimidation, le racisme sous différentes formes, le sentiment d’exclusion et j’en passe. D’emblée, je vous le dis, j’ai littéralement tout aimé de l’urbanité bien assumée au langage franglais et parfois trash des dialogues en passant pas cette grande vulnérabilité.
Cette pièce aussi est un bel hommage au milieu de la danse urbaine, du street dance et à la culture hip hop qui a permis à tant de jeunes de se créer une identité et de se projeter. Cette pièce agit ainsi comme un trait d’union entre ces deux disciplines qui pourtant beaucoup de similitudes mais ne se croise que très rarement, pour ne pas dire jamais.
La danse urbaine est le premier amour d’Etienne Lou. Son personnage de danseur, ATN, a été son premier rôle, dès l’adolescence. Atn. C’est par ce court pseudo qu’Étienne Lou est connu depuis des années dans le monde du street dance. Redoutable danseur, comédien très prisé, l’artiste de 32 ans a trouvé dans la danse hip-hop un refuge pour traverser une adolescence difficile à l’instar de bien des membres du public dans la salle.
Les danses de rue associées à cette culture lui ont servi non seulement d’outil d’affirmation et d’appartenance à une communauté, mais aussi d’opportunité de se créer une identité qu’il peut moduler. La danse a également forgé sa capacité d’offrir une performance sous pression et sous le regard des autres. Indéniablement, c’est essentiel dans une carrière comme la sienne.

C’est donc un spectacle hybride que propose Étienne Lou donc à travers une compétition (fort relevée disons le) de hip-hop, il y aura des moments plus intimes jamais misérabilistes qui marqueront le fil conducteur de cette pièce.
Les connaisseurs seront bien servis et les néophytes découvriront le krump, le popping. Étienne Lou partage ici la scène avec trois danseurs bien connus de la scène hip-hop: Ja James Jigsaw Britton Johnson, Frédérique Pax Dumas et Alexandra Spicey Landé (une pionnière derrière la compagnie de danse Ebnflo et Bust a move dont il est question dans la pièce) agissent à titre de juges de la compétition, qui sera animée en musique par un DJ.
Les moments de battle démontre un fois de plus la profondeur du talent que l’on retrouve dans notre métropole et c’est rafraîchissant de les voir sur une scène qui n’est pas d’habitude la leur. C’était aussi une occasion de voir la camaraderie et le respect qui règnent dans ce milieu.
L’acteur Gabriel-Antoine Roy de son côté, lui donne la réplique dans la portion plus théâtrale et parfois humoristique de la pièce. Le public découvre donc le parcours pas banal d’un jeune garçon à un moment de sa vie où tout, et notamment ses origines, lui pesait. Le spectacle était est littéralement comme une grande réunion de famille. Sa sœur, Geneviève Lou, aussi danseuse et productrice, anime les rondes préliminaires. Il reste deux représentations de cette pièce à qui l’on souhaite une tournée!