Une fin de saison réussie à Duceppe
Judy Garland, la fin d’une étoile est une de ces pièces offrant un grand moment de théâtre musical où j’ai rarement assisté. Linda Sorgini interprète une Judy Garland dans les derniers mois de sa vie. Elle est devenue une véritable icône du showbiz à l’image de Marylin Monroe, et je craignais que la mise en scène de cette pièce offre un spectacle-hommage tout à la fois larmoyant et caricatural.
En 1968, Judy Garland est à Londres une saison de cinq semaines au Talk of the Town pour offrir son nouveau spectacle. Elle est accompagnée de son nouveau fiancé, joué par Eric Robidoux, un ancien directeur de discothèque qui deviendra bientôt son cinquième mari. Avec son pianiste et accompagnateur, son MD gay, joué avec une grande tendresse par Roger La Rue, qui, contrairement à son fiancé, l’aime inconditionnellement. L’action se partage dans une suite au Ritz, conçue dans un style rococo flamboyant et la scène du Talk of the Town.
Dans sa mise en scène, Michel Poirier expose avec brio la séparation entre la sphère privée et la vie publique de Garland. Linda Sorgini interprète avec talent l’esprit fragile de la star dans les tourments de le toxicomanie entre son ego et sa faible estime de soi. Les moments où elle supplie pour obtenir des pilules et de l’alcool sont presque trop pénibles à regarder, souvent dynamisés par une dose d’humour. Il y a quelque chose de presque héroïque de voir cette star en déclin se traîner sur scène parfois sobre ou alcoolisée. C’est l’image de la femme vulnérable à l’approche de sa mort.
À la fois fragile, drôle et tragique et se révélant à des hauteurs musicales superbes, la performance de Linda Sorgini est aussi éblouissante qu’inoubliable. Elle semble être complètement possédée par la voix et l’esprit de Garland. Ce sont dans ces moments au théâtre bien assis au fond de son siège où on ressent des frissons dans tout le corps, où un vide s’installe autour de vous pour être captivé que par le spectacle.