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Des doubles arcs-en-ciel de banjo

Old Man Luedecke et Corinna Rose au Divan Orange

OldManLuedecke_ScottMunn

©Scott Munn

Par Mélissa Thibodeau

Je traînais un peu la patte en me rendant au Divan Orange le jeudi 11 juin dernier. En plus de manquer de sommeil, j’avais eu une journée très occupée. Malgré cela, je me suis rendue à la salle de spectacle, surtout par curiosité : je voulais revoir Old Man Luedecke, qui vient des Maritimes tout comme moi, et découvrir qui était Corinna Rose. Et je voulais entendre du banjo. Je suis heureuse de ne pas avoir laissé ma fatigue avoir le meilleur de moi-même.

La première fois que j’ai assisté à un événement du Festival St-Ambroise FRINGE de Montréal, c’était l’an dernier, avant même que je n’emménage en ville. J’avais accompagné une amie à un spectacle de burlesque animée par une “Madame Loyale” lesbienne qui mangeait de la poutine au bar Cléopâtre au coin de Sainte-Catherine et Saint-Laurent. Il y avait aussi, me semble, une hippie qui parlait beaucoup de la lune. Ma mémoire n’est pas excellente, mais je me rappelle avoir été très divertie.

Inutile de le dire que, quoique je vais l’écrire tout de même, ce spectacle présenté par Indie Montréal, était différent de ma première expérience Fringe. J’étais là pour écouter de la musique folk. Pour écouter des gens qui chantent à propos des petites joies ainsi que des tragédies quotidiennes, de personnages intéressants ainsi que du plaisir de bruncher entre amis (entre autres).

Tout cela était servi avec du banjo. Et quoi de mieux pour apaiser une âme grincheuse que de passer la soirée au son de ce merveilleux instrument? (Plusieurs pourraient s’obstiner avec moi à ce sujet, mais qu’importe, c’est mon article, j’écris ce que je veux!) Comme Corinna Rose l’a même dit au début de son spectacle, c’était une soirée de double arcs-en-ciel… sauf qu’au lieu d’arcs-en-ciel, c’était des banjos. Elle ne l’a pas dit comme cela exactement, mais c’était proche. Nous avions tous compris.

Corinna Rose est originaire de Toronto mais habite à Montréal depuis 10 ans. Elle chante merveilleusement à propos de ses déceptions amoureuses récentes et moins récentes.  Le tout était plus souvent qu’autrement présenté avec humour, car parfois, mieux vaut en rire qu’en pleurer, n’est-ce pas? Leah Dolgoy l’accompagnait aux harmonies ainsi qu’à l’autoharpe. Du folk magnifique!

Charmante et sympathique, Corinna a remercié le public pour ses applaudissements et pour rire de ses blagues : « Ça me rend moins nerveuse », a avoué celle qui entamait avec ce spectacle, une tournée pancanadienne. Ça a été pour moi l’occasion de découvrir une artiste charmante dont la présence sur scène m’a semblé bien courte. J’ai bien apprécié sa reprise du classique I’m So Lonesome I Could Cry de Hank Williams. Son Breakup Hoedown était une façon bien sympathique de terminer sa partie du spectacle, avec du pep! Encore une fois, mieux vaut en rire qu’en pleurer!

 

Excentrique domestique

J’ai découvert Old Man Luedecke il y a de cela plusieurs années. Il faisait la première partie de Joel Plaskett dans une salle de spectacle à Moncton. Je trouvais cela absolument génial à quel point un seul homme avec un banjo pouvait commander autant d’attention. 

Après sa première pièce qu’il a entamé tout de go, Chris a offert quelques mots à l’auditoire mais s’est tout de suite repris : « Je m’étais dit de ne pas parler entre les deux premières chansons, question de garder un certain mystère » a-t-il avoué à la foule. Le public s’est esclaffé. Il était entouré de fans ici, le mystère était déjà brisé.

S’est ensuite enchaînée une série de chansons, certaines plus anciennes comme l’hymne des salariés frustrés I Quit My Job, qu’il a dédié à une femme dans la salle qui venait justement de quitter son emploi. Il a également offert des pièces de Tender Is the Night sorti en 2012 et des nouvelles qui figureront sur son prochain album, Domestic Eccentric, dont la sortie est prévue cet été.

Ses chansons étaient entremêlées d’histoires drôles, farfelues mais aussi touchantes. Il est maintenant père de famille et sa femme et ses enfants prennent une place centrale dans ses textes. Ses pièces parlent également de vivre en campagne (Old Man Luedecke est de Chester en Nouvelle-Écosse) et du temps qui passe beaucoup trop vite. Sa prose est livrée avec assurance et sans prétention.

Contrairement à son sobriquet, Chris « Old Man » Luedecke n’est pas un vieil homme. Il incarne un style musical qui fait vieux genre et c’est empreint d’une belle nostalgie. Il le fait sans excuses et c’est tant mieux. Ses textes, son folk/bluegrass et sa présence de scène authentique lui a attiré des fans aguerris qui vont le suivre peu importe où il ira. Généreux, il se permet de sortir de sa liste de chansons prévues pour offrir des demandes spéciales aux fans qui lui font la demande en spectacle.

Comme plusieurs personnes dans la salle, je suis sortie du Divan Orange inspirée et de meilleure humeur que je l’étais à l’origine. C’était une soirée réussie! Old Man Luedecke est également en tournée pancanadienne. Si vous voulez en savoir plus sur ce personnage : oldmanluedecke.ca