Bête de sexe, bête de scène
Par : Marie-Claude Lessard
Aussi étrange que cela puisse paraître, Ben Lefebvre, à 33 ans, a tout du vieux routier de l’humour. Habitué de jouer dans des bars quasiment vides, il affiche une aisance scénique impressionnante et une confiance inébranlable ne versant jamais dans la condescendance. Avec une honnêteté rafraîchissante, il n’enfile aucun gant blanc lorsqu’il discute de tabous de société, comme le sexe. Ce ne peut être plus vrai lorsqu’il présente L’homme et la bête. Oreilles chastes s’abstenir car, dans ce spectacle faisant partie de la programmation Zoofest, Ben Lefebvre ne se censure jamais, ce qui donne lieu à un soixante minutes complètement délirant et libérateur.
Pokemon Go, premiers jobs d’été merdiques, éveils sexuels… Ben jase de tout et de rien avec une authenticité agréablement déconcertante. Il s’introduit au public à la fois doucement et directement. Après environ 5 minutes, les spectateurs savent à quoi s’en tenir : une jouissive enfilade de jurons et de jokes de fellation se mêlant parfaitement avec des observations finement réfléchies. Habile improvisateur, Ben s’amuse. Il s’inspire des réactions dithyrambiques et dégoûtées de l’audience pour amener une idée plus loin. Animé par une passion dévorante d’être sur scène, il pense tout ce qu’il dit et vit intensément chaque parole à travers des gestes assumés. En ce sens, son pied de micro devient un accessoire essentiel à la prestation. Pour appuyer un propos, l’humoriste n’hésite pas à lui infliger des coups tantôt délicats tantôt empreints de rage, ce qui sert merveilleusement bien les numéros. On ne peut détacher nos yeux de la scène.
Ben insère, entre de troublantes révélations sur son passé de accro du sexe, un désopilant numéro sur la cueillette de pommes et des blagues légères sur Tinder et les fameuses et horrifiantes dick pics. Capable à la fois de dédramatiser des sujets lourds et de les explorer à fond, il propose des réflexions hautement intéressantes sur la monstruosité humaine qui nous entoure. Voguant sans filtre sur l’adage L’homme est un loup pour l’homme, il explique pourquoi le sexe est l’obsession de notre génération au même titre que la drogue l’était dans les années 80. Il développe également en détail sa théorie quelque peu désabusée sur la spiritualité. Et on rit. Très fort et jaune, et ça fait un bien énorme.
L’homme et la bête ( https://zoofest.com/Show/Details/80 ) est présenté du 22 au 24 juillet à 19 h 00 aux Katacombes. Ne manquez pas ce merveilleux bijoux du Zoofest!
Texte révisé par : Louise Bonneau