Ou comment s’assumer dans la pop
©Malina Corpadaean
Malgré l’été indien qui s’annonce au Québec pour les prochains jours, qu’on ne se fasse pas leurrer. Dehors, c’est bel et bien novembre. Bientôt, on va se plaindre du froid, de la grisaille et de l’hiver qui s’en vient. Heureusement que cet automne, des airs joyeux, dont ceux d’Eli et Papillon avec leur 2e album Colorythmie, oseront s’emparer de votre sens auditif, question de changer le mal de place, et peut-être même, oserais-je le dire, vous faire danser.
Pour ceux qui croient au destin ou du moins aux heureuses coïncidences, voici donc pour vous une jolie anecdote. Elise Larouche et Marc Papillon-Ferland se sont rencontrés en 2013. Eli travaillait sur un projet de musique en anglais. C’était, selon elle, rien de sérieux, mais des amis l’avaient invitée à enregistrer. On cherchait un guitariste et quelqu’un a fait appel aux talents du multinstrumentiste Papillon. Alors qu’Eli était en train de prononcer la phrase Where Are You Butterfly, tirée d’une pièce intitulée Dear Friend, Marc est apparu sur les lieux. « Marc Papillon qui entre en studio pendant que je prononce le mot « butterfly », ça ne s’invente pas! » s’est rappelée la jeune auteure-compositrice-interprète.
Depuis, une belle complicité musicale et fraternelle s’est installée entre les deux collègues. Au début, les deux s’amusaient à écrire et à partager leurs oeuvres sur Myspace. Un engouement s’est créé pour leur musique. Peu de temps après, leurs démos se promenaient parmi les maisons de disques. C’est finalement l’étiquette Maisonnette qui a embarqué dans le coup et qui les a aidés à lancer Eli et Papillon en 2012. Avec l’approbation des critiques et d’autres fans de musique, cette carte de visite leur aura permis de fouler de grandes scènes dont les Francofolies de Montréal ainsi que le Festival d’été de Québec.
Les deux avouent que leur parcours est un peu différent de beaucoup de musiciens. Habituellement, on s’aguerrit sur scène avant de lancer un disque. Pour Eli et Papillon, ce fut plutôt le contraire. D’ailleurs, leur participation aux Francofolies était leur quatrième spectacle en carrière en tant que groupe. Si Papillon, qui joue de la musique depuis son enfance, est tout à fait à son aise sur la scène, la donne était un peu différente pour Eli. Celle-ci avoue qu’elle était terrifiée la première fois qu’elle s’est trouvée sur scène pour présenter ses propres chansons : « La première fois que je suis montée sur scène, pour faire la première partie de Salomé Leclerc en 2011, j’étais blanche comme un drap. »
Heureusement, elle a bien apprivoisé la scène depuis. La période qui a suivie en a été une d’apprentissage. Le groupe a eu un méchant coup de pouce en gagnant des prix dans le cadre du concours Vue sur la relève. Il a aussi eu l’occasion de faire de la tournée grâce au ROSEQ, faisant plusieurs arrêts dans l’Est du Québec. Eli l’admet, la sortie de ce premier album a été un choc pour elle. Après la fin de cette première tournée, elle a voulu prendre une pause et travailler surtout derrière la scène. Papillon en a profité pour faire de la tournée avec Isabelle Boulay, entre autres. Les deux n’arrêtaient toutefois pas de créer.
Cette pause leur aura permis de vraiment penser à ce qu’ils voulaient faire comme groupe. « On ne voulait pas se donner de deadlines et se permettre de sortir de notre cadre habituel », indique Papillon. « Cette pause nous a fait un plus grand bien.»
Et c’est tout un tournant que le groupe s’est permis de faire. À fond dans la pop, on s’assume! Colorythmie porte bien son
nom : c’est rose, c’est turquoise, ça fait bouger et ça fait sourire. Si le premier album était plus organique, classique, ce deuxième joue avec l’électro avec l’ajout de synthés et de guitare électrique. « Ce tournant vers la pop ne s’est pas nécessairement fait de façon consciente, avoue Eli. Mais après une année de tournée, on voulait faire quelque chose de festif et rocker la baraque. On voulait présenter quelque chose de plus joyeux. »
Papillon, qui s’était doté d’un studio dans sa maison, a assuré la réalisation de l’album. Le groupe a aussi invité l’artiste de reggae, hip hop, électro Soké Zahir ainsi que son acolyte Yannick Rastogi à coréaliser sept extraits. Une collaboration qui a permis de concocter des airs, dont Dans la danse avec son refrain quasi-disco-club, qui pourraient aisément devenir des tubes de pistes de danse. Eli souligne que la pièce La fuite, l’une de ses préférées sur l’album, était à l’origine une chanson plutôt triste mais après le traitement Colorythmie, a pris une tournure quasiment Marie-Mai, pour reprendre les dires d’Eli. Les deux membres sont surpris et très fiers des résultats.
Cette différente approche avec une nouvelle image a aussi été façonnée en collaboration avec l’équipe de The-Project. Ces derniers ont d’ailleurs réalisé le plus récent vidéoclip du groupe pour l’extrait Ensemble. Cette chanson, lancée à la fin de l’été, a d’ailleurs beaucoup joué dans les radios commerciales. Le groupe était d’ailleurs le buzz du mois de septembre des stations ÉNERGIE FM, leur permettant de rejoindre un tout nouveau public.
La prochaine étape pour le groupe? « Nous voulons travailler avec un metteur en scène qui nous permettra de monter un spectacle bien ficelé à l’image de cet album », nous informe Papillon. On travaille donc à dessiner une tournée pour le groupe. Les dates seront annoncées en temps et lieux.
Si vous aussi vous voulez vous emplir les oreilles et l’humeur de cette pop vitaminée, on vous invite à regarder leur plus récent vidéoclip, tout de pastel vêtu, pour Ensemble.