Une soirée riche en émotions et en performances vibrantes
©Véronyc Vachon/MatTv.ca
Par : Marie-Claude Lessard
Avouons-le d’entrée de jeu : le 38ième Gala de l’ADISQ, le onzième de Louis-José Houde à titre d’animateur, n’a pas réinventé la roue. En ces temps sombres pour l’industrie, on aurait préféré voir davantage de prises de positions raffinées et croustillantes. Ceci dit, la soirée à grands coups de rires, de larmes et de prestations musicales a rempli efficacement son mandat premier qui est de célébrer la musique d’ici. Voici donc un survol des moments marquants de cette édition hautement divertissante, et ce, malgré quelques accrocs et concepts prévisibles.
10. Le lancement de Plume Latraverse
Cette rare apparition de Plume sur la scène du gala a été un véritable et précieux cadeau. Fidèle à lui-même, le chanteur a présenté un numéro acoustique sans fioritures teinté de son célèbre humour pince-sans-rire. Il a offert la pièce douce-amère Vieux os et un refrain de Jonquière pour remercier le public d’avoir assisté au (faux) lancement de son disque Récidives paru il y a plus d’un an! Sobre, amusant et terriblement touchant.
9. L’excentricité légendaire de Jean Leloup
Ce n’est plus un secret pour personne, Jean Leloup a la réputation d’offrir des remerciements complètement déjantés et farfelus. Le gala d’hier n’y a pas fait exception alors qu’il mettait la main sur le Félix du meilleur spectacle auteur/compositeur/interprète (Jean Leloup Solo : Le fantôme de Paradis City) ainsi que sur le Félix de l’interprète masculin de l’année, trophée qu’il a d’ailleurs remporté pour une deuxième année consécutive. À travers la tempête d’idées décousues qui partaient dans tous les sens, on retient que Leloup sera super cut lors de ses prochains spectacles!
8. Le numéro d’ouverture
Depuis plusieurs années, le Gala débute avec un medley alliant chanteurs populaires et artistes émergents qui se conclut par l’apparition de Louis-José Houde jouant d’un instrument. La tradition s’est poursuivie hier avec Richard Séguin (Le manteau), les 2frères (Nous autres), Ingrid St-Pierre (Tokyo Jellybean) ,Koriass (Zombies) et Yann Perreau (Baby Boom) qui ont solidement uni leurs univers. L’animateur a scellé le tout en arrivant avec un Cor des Alpes, un gigantesque instrument qui ressemble à une pipe.
7. Le discours de remerciement de Fred Fortin
Lauréat du Félix du meilleur auteur/compositeur de l’année, Fred Fortin a semblé profondément ému en allant chercher son prix. Celui qui a vu son album Ultramarr être couronné le choix de la critique au Premier Gala de l’ADISQ jeudi dernier a offert un discours simple, concis et absolument charmant.
6. La chanson de l’année
Après avoir gagné le Félix du meilleur album pop et du Groupe de l’année, les 2frères étaient en excellente position pour repartir également avec le Félix de la chanson de l’année pour leur méga succès Nous autres. Coup de théâtre! Marc Dupré a causé la surprise en voyant son titre Ton départ, inspiré de Jolyane Fortier, une jeune maman décédée à la suite d’un foudroyant cancer, être couronné de la récompense ultime. Visiblement secoué et touché, il a dédié ce prix à René Angélil et à toutes les personnes aux prises avec la perte d’un être cher parti beaucoup trop tôt.
5. L’audace de Louis-José Houde
Tout en étant fidèle à son style, le célèbre humoriste s’est permis des pointes assassines sur des sujets extrêmement délicats dont l’orientation sexuelle de Coeur de Pirate et La Voix Junior. Faites avec goût, ces dernières ont frappé la cible. On retient tout particulièrement celle-ci : »Vous savez pourquoi ça existe La Voix Junior? Parce que c’est ça dont on a besoin : des nouvelles vedettes au Québec. Des enfants qui ne garderont aucune séquelle psychologique de vivre le rejet devant 2 millions de personnes… »
4. Safia Nolin
Sans grande surprise, c’est à Safia Nolin qu’est revenu le Félix de la révélation de l’année. Vêtue d’un jean et d’un chandail à l’effigie de Gerry Boulet, elle a profité de la tribune qui lui était offerte pour sommer les femmes de ne jamais oublier que leur corps n’appartient qu’à elles. Un rafraîchissant message à saveur féministe dont on a bien besoin présentement…
Quelques minutes plus tard, affichant alors un T-Shirt de Céline (sur les plaines), elle a interprété, en compagnie des Soeurs Boulay, un extrait de la magnifique La laideur. Sa voix éraillée, la douceur de la mélodie et le texte poignant sont tout simplement inoubliables.
3. Crier tout bas de Coeur de Pirate
Celle qui a remporté, jeudi dernier, le Félix du meilleur album anglophone pour Roses a ébloui le public avec une performance lyrique de Crier tout bas. Danse contemporaine, ample jupe noire et une pluie tombant du plafond de la scène ont fait un excellent ménage.
2. Andréanne Sasseville et Philippe Brach
En août dernier, l’animatrice Andréanne Sasseville et le chanteur Philippe Brach ont échangé les rôles le temps d’une entrevue poignante qui a enflammé le web. La journaliste qui oeuvre depuis plus de 11 ans au sein de SiriusXM s’est confiée sur son cancer du sein génétique de stade 4 qui s’est métastasé au foie, aux poumons et aux os. Les deux complices ont présenté ensemble le Prix de la révélation de l’année. Grandement appréciée dans l’industrie, Sasseville a eu droit à une chaleureuse ovation amplement méritée.
1. L’hommage décerné à René Angélil
Évidemment, on ne peut passer sous silence l’hommage posthume attribué à René Angélil. L’ADISQ avait promis un moment mémorable à l’image de l’impressionnant imprésario et elle a tenu parole. Le numéro a retracé les grandes lignes du parcours professionnel d’Angélil avec des vidéos d’archives entrecoupées par des prestations musicales. Tous vêtus de gris, René Simard, André-Philippe Gagnon et Véronic Dicaire ont présenté quelques succès des Baronnets. Par la suite, Ginette Reno a chanté de manière irréprochable J’ai besoin d’un ami, Ça va mieux et Je ne suis qu’une chanson.
Évidemment, c’est une Céline Dion ébranlée et somptueuse dans une robe de princesse qui a accepté le Félix au nom de René. Avant de quitter la scène sous un tonnerre d’applaudissements, elle a interprété une version de Avec le temps de Léo Ferré qui passera à l’histoire. Entourée de violonistes, elle a saisi parfaitement toutes les nuances de ce texte empreint d’espoir et de douleur. Notre diva a affiché un parfait contrôle de ses émotions. Utilisant à bon escient le gros plan ainsi que les teintes de noir et blanc (et l’éloquent retour des couleurs vives lors de la phrase Avec le temps, va, tout va bien.), le réalisateur Jocelyn Barnabé a immortalisé ce moment avec une sensibilité et une compréhension du texte hors du commun. Bravo!
Crédit photo : © Véronyc Vachon/MatTv.ca
Texte révisé par : Cloé Lavoie