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Avec pas d’casque mais avec ben du cœur

30e anniversaire de Coup de cœur francophone au Club Soda

apdc3©Jean-François LeBlanc

Par Maxime D.-Pomerleau

Bien installée dans le fond de la salle, j’attendais avec fébrilité le début de cette soirée lançant les célébrations du 30e anniversaire du festival de Coup de cœur francophone. D’autant plus qu’Avec pas d’casque nous faisait l’honneur d’ouvrir le festival, et je gardais un bon souvenir de leur prestation au Coup de cœur en 2013. J’ai parié avec des collègues sur leur chanson d’ouverture… et j’ai gagné. À découvrir plus bas…

Soirée d’anniversaires

cathleduc©Jean-François LeBlanc

C’est une Catherine Leduc timide qui a ouvert cette première soirée de Coup de cœur francophone au Club Soda, commençant avec deux nouvelles pièces qui se retrouveront sur son prochain album. La salle était bruyante, signe que la foule était davantage là pour les stars de la soirée Avec pas d’casque, mais Leduc ne s’est pas laissée distraire pour autant, étant très généreuse avec le public. Lançant un « Moi aussi j’ai hâte au show d’Avec pas d’casque! Vous êtes pas tout seuls! », cela aurait dû faire réagir les parleurs mais on aura eu des problèmes de « sons ambiants » toute la soirée.

Une atmosphère planante et des mélodies plus assumées, Catherine Leduc trouve peu à peu le son qui la définit et s’éloigne un peu du tricot pour explorer les machines, notamment avec la présence de deux claviéristes qui apportent une formule plus complète à l’expérience, sans enterrer la racine folk de la chanteuse. Leduc nous convie aux frontières de son imagination avec son écriture candide portée par sa voix délicate. Houston et la très sympathique Polatouche sont des incontournables de son album Rookie.

L’artiste, qui fait partie de la tournée 15e anniversaire de la maison de disque Dare To Care, rappelait ses débuts avec Tricot Machine, qui avait fait la première partie d’Avec pas d’casque à l’Esco dix ans auparavant. Les artistes ont consolidé leur amitié dans une fin de semaine au chalet, et se suivent et s’épaulent depuis.

10 ans d’amitié, 15 ans de Dare To Care/Grosse Boîte et 30 ans de Coup de cœur francophone, c’était une soirée anniversaire où on se devait d’être jeudi.

Avec pas d’casque plus fort que les camions

stephanelafleur©Jean-François LeBlanc

« On s’est habillé propre, on n’a pas pris de chance » de dire Stéphane Lafleur, dès l’entrée sur scène d’Avec pas d’casque, un sourire dans la voix. Mes collègues avaient donc parié sur Derviches tourneurs, Intuition #1 et j’avais pressenti Autour, car elle ouvre parfaitement l’album, avec cette simple phrase « Je suis venu te dire que je ne changerai pas ». Bonne nouvelle en soi, car on renouait avec cette douce poésie et cette bulle intimiste si propre à Avec pas d’casque. Le groupe présentait les pièces de son plus récent album Effets spéciaux, quatre ans après la parution de l’incroyable Astronomie, qui a changé la trajectoire de l’étoile qu’est APDC dans l’univers de la chanson francophone.

Après une métaphore de hockey fort drôle, où Joël Vaudreuil a remplacé les « On joue fort dans les coins » par « À date, j’ai joué du drum sur pas mal toutes les pièces », on a fait une petite incursion du côté de Dans la nature jusqu’au cou avec Apaiser le singe, avant de revenir à Audrey est plus forte que les camions. Puisant dans un autre succès souvenir, tiré de Trois chaudières de sang celui-là, Stéphane Lafleur remémorait les débuts du groupe avec Dare To Care lorsqu’il avait soumis leur musique sur un CD-Rom à Éli Bissonnette, qui bricolait des pochettes de disques dans son 4 et ½. Dix ans plus tard, Dare To Care est l’une des étiquettes indépendantes les plus importantes au Québec dont Avec pas d’casque est l’un des groupes phares.

Les musiciens étaient baignés de lumière dans une scénographie minimaliste mais très efficace. Le public a alors formé une chorale pour soutenir Lafleur dans Hu-Hum. Il a cependant été nécessaire que le directeur technique demande le silence derrière pour pouvoir apprécier la fin de Hu-Hum tellement les gens parlaient. Étonnant et totalement irrespectueux, d’autant plus lors d’un moment a capella aussi dépouillé et qui repose presque entièrement sur le chœur du public.

apdc2©Jean-François LeBlanc

Après Joël fait dire, seule pièce tirée de Dommage que tu sois pris, Boire.manger.dormir, ce fut l’heure de La journée qui s’en vient est flambant neuve, toujours un hit auprès du public, qui danse au rythme de la musique et des E prolongés. Difficile de croire qu’ils ont failli l’écarter du lot!

Avec pas d’casque en a profité pour rappeler les débuts difficiles du groupe au Off Coup de cœur francophone (ça fait longtemps!) alors qu’il y avait sept personnes dans la salle et le tiers du public était composé de leurs blondes. Jeudi, c’était beaucoup de blondes et de chums qui se collaient au doux son de Nos corps (en ré bémol) que je déclare le slow de 2016.

En rappel, on a eu droit à deux pièces d’Astronomie, Intuition #1 et Veiller le feu, avant de terminer par la magnifique L’amour passe à travers le linge. On peut dire que les paroles de Stéphane Lafleur traversaient le linge de tout le monde, rythmant les battements de cœur des mélomanes réunis.

Le public a même eu droit à un second rappel avec la pièce orpheline Le soleil se cherche du stationnement dans l’horizon, auparavant interprétée en solo par Stéphane Lafleur, cette fois-ci en version full band. Alternant habilement les pièces de leur nouvel album avec quelques succès souvenir (il en manquait quelques uns; La pire journée au monde, Les oiseaux faussent aussi, Walkie-talkie) Avec pas d’casque a démontré l’intemporalité de leurs compositions, où Derviches tourneurs pourrait se trouver aux côtés de La journée est flambant neuve sur la même galette, même si elles sont séparées par trois albums.

Une soirée magistrale à l’image des artistes et du public qui font vivre Coup de cœur francophone depuis 30 ans.

#CCF16

 

Ordre des chansons : 

Autour (Effets spéciaux)

La peur de perdre (Effets spéciaux)

Il fait noir de bonne heure (Effets spéciaux)

Derviches tourneurs (Effets spéciaux)

Apaiser le singe (Dans la nature jusqu’au cou)

Audrey est plus forte que les camions (Effets spéciaux)

En attendant que ça paye (Trois chaudières de sang)

Loup-garou (Effets spéciaux)

Talent (Astronomie)

Hu-hum (Effets spéciaux)

Les gloires du matin (Effets spéciaux)

Deux colleys (Astronomie)

Joël fait dire (Dommage que tu sois pris)

Boire.manger.dormir (Dans la nature jusqu’au cou)

La journée qui s’en vient est flambant neuve (Astronomie)

Nos corps (en ré bémol) (Effets spéciaux)

 

Premier rappel :

Intuition #1 (Astronomie)

Veiller le feu (Astronomie)

L’amour passe à travers le linge (Dans la nature jusqu’au cou)

 

Deuxième rappel :

Le soleil se cherche du stationnement dans l’horizon

 

Photos : courtoisie Coup de coeur francophone/Jean-François Leblanc

Texte révisé par : Marie-Claude Lessard