Renouer avec notre enfant intérieur
Par : Marie-Claude Lessard
Dans le cadre du Festival St-Ambroise Fringe de Montréal, la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui accueille, du 12 au 18 juin, la compagnie Possiblement Théâtre qui présente b2 : When BoKa rencontre Mazy, un 60 minutes de théâtre ludique où se côtoient rires, larmes et réflexions pertinentes sur les véritables valeurs importantes que doit promouvoir notre société.
Comme son titre l’indique, ce spectacle familial relate une relation d’amitié naissante entre deux individus complètement différents. Kathleen Aubert incarne BoKa, un clown hyper enjoué qui comble sa solitude avec sa montagne de peluches. Or, son existence prend une agréable tournure inattendue quand le clown Mazy, interprété par Simon Fleury, débarque inexplicablement dans sa demeure. Mazy crée une télévision en carton et une manette avec une figurine ressemblant à G.I. Joe. À partir de ces inventions, les deux êtres apprennent à s’apprivoiser en faisant des jeux de rôle dont la plupart des répliques sont récitées simultanément en anglais et en français. Puisque les acteurs portent fièrement un nez rouge, on présume, spécialement les enfants (qui étaient fort nombreux – et attentifs – dans la salle), que nous sommes en présence de clowns (vous savez, cet enfant intérieur qui ne cherche qu’à s’amuser et aimer…) mais, en réalité, BoKa et Mazy peuvent symboliser n’importe quelle figure renvoyant à l’enfance. Chaque spectateur possèdera ses propres visions, ce qui fait de cette pièce une totale réussite.
Savamment élaborée pour plaire autant aux adultes qu’aux jeunes frimousses pour des raisons à la fois divergentes et similaires (certaines situations un tantinet burlesque conservent leur drôlerie malgré le temps qui passe!), l’oeuvre d’Aubert et Fleury explore, sous forme de tableaux, cinq thèmes que tout humain expérimentera un jour ou l’autre : la famille, les collègues, l’amitié, l’amour et les ennemis. Même si ces sujets sont vus par les yeux de deux enfants en apparence naïfs, leur traitement demeure intelligent (faire comprendre qu’il faut vivre pleinement les concepts (comme celui de l’amitié) au lieu de sans cesse tenter de les définir) et s’éloigne brillamment des morales sirupeuses. Le segment le mieux maîtrisé et le plus divertissant s’avère sans l’ombre d’un doute celui de l’amour. BoKa et Mazy miment des scènes mythiques de films et de séries québécoises et internationales. Étant donné que les spectateurs entendent les bandes sonores de ces extraits, ils peuvent s’amuser à essayer d’identifier le film ou la série dont il est question.
Œuvrant dans un décor épuré et une mise en scène énergique, les acteurs, qui n’ont pas peur du ridicule, livrent des performances incroyables. Toutes les émotions contenues dans le texte passent par leur talent indéniable de s’abandonner l’un à l’autre sans retenue. Le BoKa de Kathleen Aubert aurait facilement pu verser dans le cabotinage, mais elle réussit à rendre son personnage fort attachant. Sa petite voix et son sens impeccable du timing donnent droit à des rires francs, et pas seulement de la part des enfants! De son côté, Simon Fleury capte à merveille la timidité et la complexité de Mazy.
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Texte révisé par : Annie Simard