La chanteuse amoureuse !
En arrivant en deuxième position du classement de L’Eurovision avec la chanson Voilà, Barbara Pravi devient la révélation musicale de l’année 2021. Comparée souvent à Edith Piaf, elle jouit en effet d’un timbre de voix d’antan, dotée d’une graine rayée, fumée, granuleuse. Cette propulsion dans le monde de la musique française l’amène pour la première fois sur la scène des Francos de Montréal.
Son visage lumineux dans un corps solaire révèle pourtant une âme blessée. Ses chansons reviennent sur un passé sombre : grossesses non désirées, conjoints violents, peines amoureuses. La jeune femme s’inspire ainsi de ses blessures intimes et de ses profondes cicatrices pour célébrer toutefois la vie, la femme, le courage et la liberté ! Hier totalement incomprise, aujourd’hui pleinement amoureuse, elle rend hommage à son conjoint et à tous les amoureux présents à l’Astral, avec la chanson Je l’aime je l’aime je l’aime.
Ses chansons nous racontent une histoire, certainement vécues par l’artiste, pour les chanter et les exprimer avec tant de fougue, de passion, de fièvre !
Avec On n’enferme pas les oiseaux, Barbara cri haut et fort son désir ardent de liberté, de légèreté, d’amour ! Elle partage non seulement sa passion mais aussi sa détermination à réussir dans le monde féroce de la musique, elle donne tout et s’enflamme comme la braise dans des gestes abrutes et pas toujours maitrisés mais avec beaucoup d’élégance et de tendresse.
L’enlacement de la sonorité de la contrebasse et du violoncelle sublime incontestablement cette voix fougueuse – tout en démontrant une très belle complicité entre Barbara et ses musiciens : Jeff Hallam (bassiste), Thomas Lartigue (pianiste) et Maïa Collette (violoniste).
Alors que la pluie frappait sans pitié notre métropole, Barbara parvient à reproduire le son des gouttes de pluie en demandant à son auditoire de tapoter sur leur torse tout au long de la chanson La fête. L’effet est imminent et d’une grande beauté littéraire et acoustique.
De parents français d’origine serbe et iranienne. Elle porte souvent sur elle un porte-bonheur singulier : une pièce de monnaie d’Iran, le pays d’origine de sa famille maternelle. Quant à son nom de famille paternel Pravi, c’est un terme serbe qui signifie authentique. C’est d’ailleurs ce qui a frappé le public montréalais, le naturel de la jeune femme, aux pieds nus sur scène n’hésitant pas à se mélanger à la foule, tout en continuant à chanter dans les yeux du public. Cette présence à la fois douce et forte, énergique et réservée, mélancolique et joviale a réussi à créer une intimité avec le public.
Suite à l’orage violent vécu à quelques jours du solstice de l’été 2022, les Francos ont réussi le pari d’apporter le soleil tant attendu dans le Studio TD. Les rayons de soleil émanaient parfaitement depuis la scène sur le public et étaient sublimement incarnés non seulement par Barbara Pravi et ses musiciens mais aussi par la délicate et douce voix de Charlotte Brousseau (en première partie), dont la sensibilité musicale vous renverse et vous bouleverse au plus profond de vous-même !
Crédit photo : Gabriel Talbot