Lecture d’un mythe grec
© Marie-Ève Fortier
Par : Sébastien Bouthillier
L’Usine C convie le public féru d’avant-garde à s’avancer plus loin hors des sentiers battus pour découvrir de nouvelles mises en scène ou des adaptations aussi inédites qu’audacieuses d’œuvres classiques. De l’instant et de l’éternité, à l’affiche trois soirs cette semaine, demeure conventionnelle pourtant.
Le potentiel du récit de Sénèque opposant Phèdre à Hippolyte et impliquant Thésée au sujet d’un amour interdit sous peine de mort par vengeance, ou d’exil, gonfle les attentes. Plusieurs avenues se déroulent pour livrer au 21e siècle ce texte ancestral légué à la civilisation occidentale depuis l’Antiquité, de la performance à l’adaptation du texte en passant par les technologies numériques.
Hélas! Dans l’adaptation qu’il propose, Jocelyn Pelletier semble peu convaincu. Au lieu d’inciter Guillaume Perreault et Isabelle Roy à incarner les personnages, à endosser le fardeau de la tragédie qui les déchirera en déclamant le texte, en s’appropriant les paroles qui les chavireront à fleur de peau, haletants, exacerbés et à la limite de leur humanité… ils paraissent davantage dans la lecture, dans la récitation d’un texte, certes dense, seulement mémorisé.
Les comédiens sont déjà en scène lors de l’entrée du public en salle, ils le demeurent à la fin quand les uns et les autres se lèvent et quittent. Les acteurs ne seront jamais salués ni applaudis pour leur travail, ne serait-ce que pour respecter la convention voulant que le public applaudisse.
De l’instant et de l’éternité, à l’Usine C du 21 au 23 mars.
Texte révisé par : Annie Simard