Délice shakespearien
© Nicola-Frank Vachon
Par Sébastien Bouthillier
En parodiant Shakespeare comme le ferait Monty Python, leur source d’inspiration, dix comédiens interprètent 75 rôles dans cette pièce-marathon hilarante de trois heures que Simon Boudreault et Jean-Guy Legault ont consacré 15 ans à imaginer, rédiger et produire.
À l’occasion du quatre-centième anniversaire de la mort de William Shakespeare, les créateurs Boudreault et Legault ont uni leur imagination débridée pour glaner dans les chefs-d’œuvre de l’illustre homme de théâtre élisabéthain. Ils en extraient le besoin d’haïr, la recherche d’un ennemi pour asseoir la quête du pouvoir et la mort.
Dans leur délire, ils se réfèrent à Richard III et au Roi Lear, à Macbeth et à Hamlet, sans oublier Roméo et Juliette, pour en adapter les segments archétypiques sur un ton comique, délaissant la tragédie. Les acteurs caricaturent les traits austères des personnages à l’âme déchirée que le dramaturge anglais a créés. Mais, s’ils s’en moquent, ils demeurent loyaux et respectueux des originaux.
« Sans réelle contrainte et sans aucune conscience de la durée, ni même de la faisabilité de ce genre de spectacle, l’idée était d’écrire une comédie épique originale s’inspirant de la plume du Barde », annoncent les auteurs.
© Nicola-Frank Vachon
Édouard (Jonathan Gagnon), roi d’Angleterre, triomphe en Écosse après une âpre et sanglante bataille menée par les ducs de Gloucester (Simon Boudreault) et de York (Jean-Guy Legault). Dans sa magnanimité, le souverain partage entre ses ducs et la reine (Marie-Josée Bastien) le pays maté. Cependant, l’épouse du roi jalouse les ducs, elle qui ambitionnait de régner seule sur l’Écosse. Elle ourdit donc une vengeance en semant la zizanie entre les ducs.
Aussi metteure en scène de la pièce, Marie-Josée Bastien inclut mise en abîme, chanson et marionnettes dans ce spectacle rythmé par des répliques foudroyantes. Ce délire shakespearien présente un pot-pourri qui s’avère une excellente introduction et hommage à l’œuvre du fondateur du Globe Theater.
Gloucester, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu’au 17 décembre.
Texte révisé par : Marie-Eve Brisebois