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Du Rouge au Rideau Vert

Une pièce haute en couleur

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 ©Jean-François Hamelin

Par Jean Baptiste Henry

La pièce Rouge de John Logan  gagnante de six Tony Awards est présentée au théâtre du Rideau vert jusqu’au 12 avril 2014. On doit la mise en scène à Serge Denoncourt.

La pièce s’ouvre sur la rencontre entre  le futur apprenti (Mikhaïl Ahoola) et l’artiste Mark Rothko (Germain Houde), dans son atelier, fin des années 50. Le peintre lui demande alors : « Que voyez-vous ? ».

Que voit-il exactement dans la radiance mystérieuse des toiles de Rothkowitz ? L’élève doit se laisser envahir ! « Sois humain une fois dans ta vie ! » lui assène le maître qui  le harcèle de questions titanesques, le pousse dans ses moindres  retranchements,  fait éclater toutes les barrières  des conventions,  jusqu’à ce qu’il explose lui-même  dans une déflagration dévastatrice ou créative ?

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« L’art est le seul accès au cœur de la souffrance humaine » déclare Rothko.  En désaccord  avec ses contemporains et le mouvement cubiste, Rothko,  l’iconoclaste de l’encombrement de  la société moderne, croit aux valeurs sûres, Rembrandt, Van Gogh…IL prône le travail acharné,  la douleur de l’enfantement artistique. Usant de tout un arsenal verbal haut en couleur, il confronte son assistant pour  son manque de culture  littéraire, musicale,  philosophique, théologique, mythologique,  poétique. En appelle à Platon,  il engage une bataille féroce entre Dionysos  et Apollon. « Notre tragédie est de ne jamais atteindre l’équilibre ». Il est pour la contemplation presque mystique d’une œuvre, rêve d’exposer sa nouvelle série abstraite telle une fresque vibrante dans un mythique restaurant futuriste « les quatre saisons » que l’on visiterait comme une chapelle.

Le dernier coup porté est un coup de pied au derrière qui lance sur orbite  l’élève devenu adversaire,  prêt à dévorer la vie, dans l’énergie créative. Ainsi, le Rouge, lieu de toutes pulsions vitales est lentement avalé par le noir qui représente la pire crainte du maître. Et le rideau tombe sur un spectacle démentiel, inoubliable et extraordinaire.

Crédit photos : ©Jean-François Hamelin