Battre la discrimination par l’humour
Par : Ariane Monzerolle
Le cabaret F*ck ta grossophobie nous invite à réfléchir sur les enjeux d’accessibilité, de diversité corporelle et de violence médicale pour ne nommer que ceux-ci en nous montrant le côté absurde venant avec les jugements grossophobes.
Idée originale de la superbe Marie-Hélène Racine-Lacroix, elle a invité Julie Artacho photographe bien aimée de la scène culturelle montréalaise, Rosie Bourgeoisie magnifique artiste burlesque et Catherine Éthier, chroniqueuse aux accents féministes et alliée depuis toujours ainsi que la tordante Josianne Aubuchon. Chacun.e leur tour, iels viennent nous souligner le ridicule entourant les situations grossophobes.
Depuis 2019, le dictionnaire Robert identifie la grossophobie comme un ensemble des attitudes et des comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses. Ses actions peuvent se faire de manière individualisée, par exemple des insultes et de l’intimidation faites envers une personne spécifique.
Mais la grossophobie se présente aussi dans un sens plus systémique, par exemple les lieux et infrastructures non adaptés aux personnes grosses, mais aussi comme dans le réseau de la santé avec des interventions non nécessaires ou des jugements seulement en fonction du poids sans prendre en considération l’ensemble des symptômes.
Bref je ne me lancerais pas dans l’énumération de toutes les répercussions que ça peut avoir sur la vie d’une personne grosse puisqu’elles sont multiples et souvent uniques à la personne, mais se généralisent souvent au sens large.
Ludique et pertinente
La soirée se veut militante et gaie, l’animatrice Marie-Hélène Racine-Lacroix a d’abord présenté l’idée au MiniFest l’année dernière. Cette année, le tout est produit par le Zoofest et avait lieu au Théâtre Sainte-Catherine.
On rit des mythes, du discours sans queue ni tête et de situations directement causées par la grossophobie. Une soirée qui permet de panser ses blessures et de se sentir moins seul.e dans ces situations. Indirectement, cette soirée permet de la sensibilisation face à cet enjeu, mais aussi de le rendre plus léger d’avoir beaucoup de plaisir.
Le spectacle commence fort avec le numéro présenté par l’animatrice. Ses blagues authentiques nous permettent de rire un bon coup et de déterminer quelle sera l’énergie de la soirée. Son animation légère permet un bel enchaînement entre les numéros qui eux sont plus précis et parfois moins légers.
On poursuit avec un numéro de Julie Artacho. Elle n’est pas une humoriste, pourtant elle réussit bien à nous faire rire avec ses anecdotes liées à son quotidien et ses voyages en avion qui prouvent juste assez bien l’absurdité entourant les situations décrites.
Ça continue avec un numéro du magnificent Rosie Bourgeoisie. Avec beaucoup d’authenticité, iel nous livre une œuvre touchante. Le tout débute avec un effeuillage assumé et se finit avec un texte qui s’interroge sur la beauté et la laideur, et les définitions qu’on associe à ces deux concepts.
C’était simplement magnifique, le fait que le texte soit aussi lu pour iel projetait encore plus d’intensité que s’iel l’avait lu!
Nous avons eu droit à un numéro très ironique sur le rôle de l’alliée autoproclamée par la talentueuse Catherine Éthier qui, au fil de son numéro, décrit toutes les manières dont on peut être un.e mauvais.e alié.e à la cause. Un numéro qui porte à réflexion et que la théâtralité habituelle de la chroniqueuse porte bien.
Le tout se termine avec un numéro de la formidable Josianne Aubuchon, qui nous raconte ses méandres avec son nouveau médecin de famille très grossophobe. Elle nous livre le tout avec humour, mais son numéro souligne bien la violence du système de santé pour les personnes grosses.
Une soirée qui nous rappelle comment c’est important de s’aimer et de continuer à créer ces espaces où on se sent bien ! Juste assez militante et très drôle!
On espère que ce petit spectacle deviendra une tradition du Zoofest!
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