Soirée soul à haut voltage!
Image : © Victor Lamich Diaz
Par : Mélissa Thibodeau
Si, pendant les années précédentes, j’étais une participante assidue du Festival international de Jazz de Montréal, cette année, je me suis prise un peu plus sur le tard, pour cause de déménagement (le mien, évidemment). Ce fut donc ma première soirée jazz, mardi soir, au Métropolis et quelle entrée en matière : le phénoménal Charles Bradley and the Extraordinaires! Retour sur une soirée soul qui m’a fait que du bien à l’âme.
Je pensais être très « smatte » en partant de chez moi vers le centre-ville. J’allais arriver un peu plus d’une demi-heure à l’avance, me trouver un bon endroit où m’installer afin de bien voir non seulement la scène, mais le public autour. J’imaginais une bonne place au balcon où je pourrais m’asseoir et prendre toutes les notes que je voulais. Mais à ma surprise, si le parterre était encore un peu pêle-mêle et commençait à peine à se remplir, le balcon, lui, était quasi comble. Par chance, je me suis installée à l’arrière près du bar où la vue était belle sur pratiquement tout!
Image : © Victor Lamich Diaz
Qui sont ces gens venus voir cet incroyable soul man? Je remarque un mélange de milléniaux et de génération X en grande partie. Des gens qui n’ont pas connu la période soul des années 1960 qui nous a fait connaître les grands tels que Otis Redding, Curtis Mayfield, et bien sûr James Brown, de qui Charles Bradley a été grandement influencé.
The Brooks
Mais avant le plat principal, il fallait une bonne entrée et comme de fait, à 20 h 30 tapant, les Montréalais The Brooks apparaissent sur scène. Quelle ouverture de feu! Ce sextet fusionne soul cuivré au rock classique en passant par un funk à la basse pesante. Ce collectif anime depuis un peu plus de trois ans les soirées « Soul Therapy » au Diese Onze, et c’est une thérapie musicale de choix que nous avons eue! La formation qui possède un charisme fou a su réchauffer la place. Le chanteur et tromboniste Alan « Funt » Prater, trouvant les réponses à son « How y’all feeling? » un peu tranquille à son goût, n’hésita pas à relancer la foule en s’exclamant : « Montreal, y’all sound like Toronto! » Ça n’en prend pas plus, la foule piquée se met à crier comme s’il n’y avait pas de lendemain. Le public restera survoltée pour le restant de la soirée.
Charles Bradley and the Extraordinaires
Et dire que l’on a presque manqué cette chance de voir (ou revoir pour certains) ce personnage sur scène! Charles Bradley a été foudroyé par la maladie l’an dernier, devant ainsi annuler plusieurs dates de concert dont une à Montréal en octobre. L’homme de 68 ans a presque failli y passer, mais ce n’était pas son temps. C’est donc reconnaissant et vibrant qu’il se présente devant son public.
Image : © Victor Lamich Diaz
Canalisant les grands soul men des années 60, M. Bradley nous transmet toute une expérience de vie avec sa performance, sa voix unique, ses déhanchements et ses « move », ça rentre au poste! Semblant carburer aux applaudissements, il nous rappela à plusieurs reprises qu’il faut s’aimer, qu’il faut être amour, car après tout « love is what makes the world go round ». C’est cliché parce que c’est vrai. En plus de ses habits de scène forts sur la paillette, l’artiste scintillait de tous ses mouvements.
S’il n’a pas toujours eu la vie facile, la dernière année fut tout aussi pénible. En plus de la maladie, il a également perdu une grande amie en la personne de Sharon Jones, qui nous a quittés en novembre dernier. C’est pourquoi sa version de Changes, reprise de Black Sabbath, était tout particulièrement chargée qu’elle en donnait des frissons.
Je me suis sentie vraiment privilégiée d’avoir pu le voir sur scène, en espérant que ce ne sera pas la dernière fois.
Le Festival international de Jazz de Montréal se poursuit jusqu’au 8 juillet.
Image couverture : © Victor Lamich Diaz
Texte révisé par : Annie Simard