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FIJM – Ranee Lee

Gardienne du fort

Crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin

Par: Jean-Claude Sabourin

Qu’est-ce qu’on écrit au sujet d’un monument du jazz? Qu’elle a enregistré 14 albums dans sa carrière? Qu’elle a gagné une foule de prix, dont deux Juno? Qu’elle fait partie de l’histoire scintillante du jazz montréalais?

On peut tout d’abord affirmer que Ranee Lee est au jazz québécois ce que Maria Callas était pour la Scala de Milan; un porte-étendard. Une femme qui ne s’économise pas sur une scène (malgré ses 81 ans). Une chanteuse dont la présence scénique et la vérité vous tirent les émotions aussi aisément que d’ouvrir un tiroir.

Ranee Lee nous a fait bénéficier de son talent au Gesù le 4 juillet dernier, dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM). Égale à elle-même, elle a su tirer de l’assistance une vague étonnante de sentiments, plusieurs ovations et des larmes à quelques reprises. Elle n’a pas une très grande voix, mais elle chante comme si sa vie en dépendait, et on le sent.

Il est affligeant toutefois de voir que la salle n’était pas pleine. Le jazz traditionnel, celui du cœur et de l’âme, est en déclin. Avec le temps, ce sont les performances intellectualisés qui ont pris beaucoup de place; sans compter l’espace que le festival doit donner aux autres styles musicaux s’il veut faire ses frais.

Crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin

Ainsi, je me trouve privilégié d’avoir pu écouter une des gardiennes du fort en cette soirée du 4 juillet. Le répertoire offert lors de cette prestation s’est déroulé comme un voyage musicalement temporel, nous rappelant les grandes époques du jazz traditionnel. Elle a d’ailleurs brièvement entamé le fameux Amazing Grace, émouvant significativement mon voisin de banc afro-descendant. Moi-même, en l’écrivant, je suis encore touché par ce moment.

Ranee Lee était accompagnée de musiciens de haut niveau. Notamment, John Sadowy au piano et Dave Watts à la contrebasse; deux individus bien connus de la scène montréalaise. J’ai été fortement impressionné par les nuances de leur jeu. Une qualité qui ajoutait un petit supplément d’âme aux nombreuses charges émotives qui nous transperçaient déjà pendant le spectacle.

Bref, un grand moment de jazz présenté par une grande dame du jazz. Vous pouvez consulter son site pour connaître les dates de ses prochaines prestations.

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