Ce dont mon jeudi soir avait besoin
C’était au tour de Fred Fortin de réjouir les festivaliers francofoliens jeudi soir au Club Soda. Si la salle n’était pas comble, elle n’était pas loin de l’être. Les âmes réunies ont eu droit à toute une soirée, où le principal intéressé a non seulement offert des titres son plus récent (et excellent) opus Ultramar, mais a également ressorti les favoris de la foule.
Pour la plupart des fans de musique francophone à Montréal, les FrancoFolies offrent tout un buffet dans lequel il est trop facile de s’empiffrer. Alors que les jours du festival commencent à être comptés, l’enthousiasme des débuts n’est plus exactement la même maintenant qu’on approche de la fin. Mais parfois, il ne faut qu’entrer dans une salle de spectacle où l’électricité dans l’air est tellement entraînante qu’il suffit de quelques voltages pour se remettre sur le piton.
C’est ce qui m’est arrivé jeudi soir au Club Soda avec Fred Fortin. Dû à des circonstances (un peu hors de mon contrôle), je suis arrivée juste à temps pour Fred Fortin, ratant du coup Maude Audet (je me tape sur les doigts, croyez-moi). Je peinais à trouver un endroit où mon petit 1,62 m me permettrait d’apercevoir la scène.
Après une entrée en scène plutôt psychédélique, le spectacle s’ouvre avec Oiseau, projections à l’appui au fond de la scène. C’était efficace, et de bon augure pour le restant de la soirée. Il y avait peu d’interventions entre les chansons, on laissait toute la place à la musique, qui explorait le rock sous toutes ses nuances. Du country au psyché, au grunge, au garage, en passant par le folk; les vibrations faisant vibrer chaque particules dans la salle.
Alors que j’étais en train de me dire que j’appréciais tout particulièrement la côté apaisant et vulnérable dans la voix un peu cassée de Fred Fortin, il s’excusa en nous avouant qu’il n’était pas tout à fait en forme, dû à la journée qu’il a passé la veille. Le public (si je me fie à la réaction face à cet aveu) et moi-même pensions que le monsieur était pas mal dur envers lui-même. Fortin et ses acolytes trippaient sur scène!
Le public était dedans, entonnant allégrement le « Si seulement elle était fumeuse » de Madame Rose. Le solo du claviériste François Lafontaine en ouverture de Tapis noir était dans le domaine de l’époustouflant. Habituellement, je ne capote pas sur les jams interminables, mais celui à la fin de Scotch se prenait très bien.
Je me permets de soulever un petit bémol qui n’a pas rapport avec le spectacle comme tel. Je suis toujours intriguée par les gens qui paient pour aller voir des concerts, s’installant même assez près de la scène, mais qui ignorent la majorité du spectacle en jasant assez fort pour qu’on puisse comprendre la totale de leur conversation alors qu’on se trouve à une distance assez considérables d’eux. Et quand on saisit le sujet de leur conversation, on sait que ce n’est pas à propos de ce qui se passe sur la scène, et/ou que c’est tellement important que cela doit absolument être dit à ce moment-là! Les gens qui ne comprennent pas les demandes polies des collègues spectateurs de baisser le ton, ça m’énerve. Je devait le dire, et je peux maintenant passer à autre chose.
Cela étant dit, ce qui se passait sur scène était fantastique, rien de moins. Comme toute bonne chose a une fin, il fallait bien un rappel pour conclure le spectacle comme du monde: Fred Fortin, seul sur scène pour nous interpréter Que je t’étranglerai et T’es grosse pis t’es belle. J’ai pu quitter la salle heureuse et satisfaite, et j’ai bien hâte à la prochaine fois.
Texte révisé par : Bianca Beato