Une soirée d’exception!

Par Lynda Ouellet
Nous sommes au mois de mars, l’heure normale est revenue, nous apportant lumière et soleil. C’est exactement ce qui nous est arrivé ce vendredi à la Maison symphonique avec le concert Gauvin, Lemieux : divin Handel. Les Violons du Roy, qui célèbrent leur 40ᵉ anniversaire cette année, ont convié le public à une soirée mémorable. Sous la direction inspirée de Jonathan Cohen, l’engouement était palpable et la salle comble vibrait d’attente.
Une complicité vocale légendaire !
Certains se souviendront de la collaboration mémorable entre Marie-Nicole Lemieux et Karina Gauvin lors du Requiem de Mozart, interprété à New York quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001. Ce fut une révélation, une complémentarité vocale rare, une émotion saisissante que seules ces deux artistes savent transmettre. Cette complicité fut confirmée à nouveau en 2011 dans une somptueuse interprétation d’extraits d’oratorios d’Haendel.
Deux voix d’exception réunies pour une soirée unique !

Marie-Nicole Lemieux, contralto acclamée, s’est produite sur les plus grandes scènes mondiales, de La Scala à l’Opéra national de Paris. Karina Gauvin, soprano reconnue pour son interprétation magistrale du répertoire baroque, a collaboré avec des orchestres prestigieux tels que l’Orchestre symphonique de Montréal et le New York Philharmonique.
Réunir ces deux artistes au calendrier chargé relevait du tour de force. Elles sont accompagnées par Les Violons du Roy, sous la direction du talentueux Jonathan Cohen, directeur musical de l’ensemble depuis 2018 et fondateur de l’ensemble britannique Arcangelo.
Une alchimie palpable sur scène !

Le public ne pouvait imaginer la magie qui allait se déployer à la Maison symphonique. Dès les premières notes, Les Violons du Roy, une formation d’une quinzaine de musiciens, occupent pleinement l’espace sonore. Jonathan Cohen dirige de son clavecin, avec grâce et fluidité. Sa passion est manifeste, transmise à chaque musicien de l’orchestre.
Puis s’avancent Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux. Chacune possède une voix somptueuse, puissante et expressive. Elles occupent la scène avec aisance, alternant entre interprétation théâtrale et poésie vocale.
Mais c’est dans les duos que la magie opère pleinement : leurs voix se rejoignent, se fondent et créent une troisième sonorité, fusionnelle, presque irréelle. Leur complicité est évidente, leur joie de chanter ensemble, communicative. Jonathan Cohen et l’orchestre sont partie prenante de cette alchimie rare.
Une immersion dans l’univers d’Haendel !
Le programme, soigneusement sélectionné, nous offre une immersion complète dans le génie de Georg Friedrich Haendel, maître de la dramaturgie lyrique. Le répertoire couvre aussi bien ses grands oratorios que ses opéras et semi-opéras.
Fury with Red Sparkling Eyes – (dramatique, Cléopâtre exprime sa rage et sa passion), Our Limpid Streams – (pastoral, la beauté de la nature), Will the Sun Forget to Streak – (œuvre majestueuse et lyrique), Arrival of the Queen of Sheba – (orchestrale, le festif et le virtuose), Great Victor, at Your Feet – (hommage au triomphe militaire) et Fly, My Brethren, Streams of Pleasure – (poignant, issu de l’un des chefs-d’œuvre de Haendel) nous ravissent.
Ce programme invite à un véritable voyage musical à travers les émotions humaines, sublimées par deux voix inoubliables et un orchestre au sommet de son art.
Une soirée intemporelle, les astres sont alignés !
Il y a des soirs où la musique transcende l’instant présent, où le temps semble suspendu. Ce concert fut de ceux-là. Porté par la virtuosité de Gauvin et Lemieux, la précision des Violons du Roy et la direction sensible de Jonathan Cohen, Divin Haendel restera gravé dans la mémoire des spectateurs comme un moment d’exception, à la fois lyrique, lumineux et profondément humain.