Un voyage dans le temps
Par : Marie-Hélène Amyot (La-Complice)
C’est en ce beau mardi ensoleillé qu’avait lieu la répétition devant médias de la comédie musicale Hair. Mise en scène par Serge Denoncourt, il s’agit de l’adaptation québécoise de cette production, qui vit le jour en 1967 puis présentée à Broadway en 1968.
Hair, du passé au présent
À mon arrivée, Denoncourt est dehors profitant du bon air. (Lire ici : il fume sa cigarette.) Un brin de jasette avec lui m’apprendra que la fin de son Hair sera différente de celle vue dans le film. Il m’informe également que la production originale de la comédie musicale n’était pas d’accord avec le choix d’inverser les deux personnages principaux, comme on le voit dans la version cinématographique de Miloš Forman. (Oui, oui, celle diffusée par Musimax, il y a une trentaine d’années.)
Qu’a-t-il conservé des adaptations antérieures? « On n’a pas le droit de garder rien du film. C’est dans le contrat qu’on signe avec New York. Par contre, j’ai gardé les arrangements musicaux du film, parce que je les aimais. Moi, je voulais garder l’aspect de 1968 très, très fort. Donc, on a beaucoup travaillé là-dessus, aux costumes, partout. Ce n’est pas juste un show qui se passe en 1968, c’est un voyage dans le temps que je propose. »
Danse, chant, peace & love
Quand je suis entrée dans la salle de répétition, déjà les artistes habitaient leur personnage, les deux pieds en 1968. Il ne manquait qu’une odeur de patchouli! Très près les uns des autres, se jouant dans les cheveux, dansant ensemble, se flattant tendrement, on comprenait qu’une quelconque substance faisait son effet. Avec paix et amour. « C’est un show d’amour. On a appris à s’aimer très rapidement. (rires) On est tout le temps tous ensemble. C’est un show de gang. On est quand même tous très conscients du niveau de consentement de chacun. On a appris à être bien les uns avec les autres et à se côtoyer de très près », précise Camille Cormier Morasse, qui campe le rôle de Jeanne.
Puis, les premières notes d’Aquarius. C’était parti pour une vingtaine de minutes de performance, sans temps mort. D’ailleurs, contrairement à d’autres comédies musicales, la particularité de Hair est que les artistes sont sur scène du début à la fin du spectacle. « L’endurance a été un grand défi. C’est un enchaînement de numéros de production, ce show-là. Ça n’arrête jamais! C’est beaucoup de matériel. Il faut danser les chorégraphies de Wynn Holmes, en chantant les harmonies que Lorenzo Somma nous a montrées, en interprétant les personnages développés avec Serge… », mentionne Kevin Houle, le Berger québécois.
Thèmes tabous
Parmi les thèmes abordés, on retrouve entre autres la liberté, la drogue et le racisme, dénoncé d’une façon pouvant choquer. À ce sujet, Maxime-Olivier Potvin, dans le rôle de Hud, interprète la chanson Colored Spade. Il a porté attention aux réactions qu’a suscitées son numéro. « Je regardais le visage des gens et je sentais que ça pouvait susciter des réflexions ou même des malaises. Dès que je dis la première ligne, j’ai senti tout le monde se fermer, puis après, ça s’est un peu éclairci, l’air de se dire : “Ah ok, c’est ça le numéro, ce n’est pas ce que je pensais” (rires) »
À ce sujet, Lyxé, la Dione de Denoncourt, ajoute « Je n’ai pas vécu la ségrégation raciale. J’ai quand même vécu du racisme dans ma vie, mais ça me ramène à des périodes de ma vie qui étaient un peu moins le fun. Cette chanson-là me rentre dedans. Être obligé d’avoir du fun pendant cette chanson-là, c’est tellement un gros contraste pour moi. J’ai quand même hâte qu’on la fasse, parce qu’encore aujourd’hui, il faut en parler. »
Comme l’interprète de Crissy, Cassandra Montreuil, le confirme. « C’est un défi d’aborder des sujets sensibles. Il y a beaucoup de sujets qu’on aborde dans le spectacle, qui sont bien politisés. »
Hair, comédie musicale aux multiples défis
Composée d’une quarantaine de chansons, Hair représente différents défis, même pour une artiste chevronnée comme Éléonore Lagacé, interprète de Sheila. « Au début, mon défi était de comprendre ce qui se passait. Il n’y a pas d’histoire comme dans Mamma Mia!, ou Mary Poppins. On est un groupe de hippies, on vit sur scène, on brise le quatrième mur, on est en contact constant avec le public. On a beaucoup de messages à passer, mais il n’y a pas de ligne directrice nécessairement. » Philippe Touzel aka Claude Bukowski, ajoute « Il y en a une très mince, la question “Est-ce qu’on va à la guerre ou pas?“. mais c’est vrai que dans les premières lectures, on s’est demandé “Mais qu’est-ce qu’on vit?“ (rires) »
Étienne Cousineau, qui campe Margaret Mead, le défi est différent. « C’est l’apprentissage des mots. Il y a des mots, des mots, des mots… Des tounes d’énumérations. C’est un beau défi, mais c’est très cérébral. On ne peut pas être sur le pilote automatique dans ce show-là. »
Félix Lahaye, dans le rôle de Woof, le défi est plutôt relié à son taux d’énergie. « Ce matin, c’était un peu un test de voir combien j’ai besoin d’énergie pour faire le premier vingt minutes du show. Je me rends compte que ça en demande beaucoup! Comment on va faire pour la garder et en même temps, en donner. Parce que c’est un spectacle où on donne beaucoup au public. »
Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils chantent et dansent de façon à nous transporter en 1968, à l’époque où on rêvait de paix et d’amour. Dès le 16 juin, sortez vos ponchos et pantalons à pattes d’éléphant et rendez-vous au Théâtre Saint-Denis pour un voyage dans le temps. Pour vous procurer des billets, visitez la billetterie.
Psst… Prenez note qu’il y a une belle promo pour la fête des Mères. C’est par ici.