Entre vengeance, jalousie et trahison !
Par : Hanieh Ziaei
L’Opéra de Montréal présente un des opéras les plus populaires et les plus représentés dans le monde : Le Trouvère (en ital. Il Trovatore), en quatre actes, de Giuseppe Verdi (1853). En cette nuit de pleine lune du 10 septembre 2022 à Montréal, la grande salle Wilfrid-Pelletier, affiche salle comble et le grand public est bien au rendez-vous! Le rideau rouge s’ouvre et nous laisse contempler à son tour une pleine lune scénique, du début à la fin de ce spectacle remarquable !
Entre épopée, romance et tragédie, les héros et héroïnes de Verdi, dotés de courage et de bienveillance, semblent souvent être condamnés au grand drame irréversible : La mort! Bien que la vengeance, la jalousie et la trahison soient les fils conducteurs d’un acte à l’autre, Il Trovatore questionne aussi le rapport au passé, aux conséquences de nos actes et le prix de la vengeance.
La lumière parmi tant d’ombres devient alors l’amour inconditionnel, partagé d’ailleurs ici par l’ensemble des protagonistes mais qui se décline tantôt comme l’amour entre une femme et un homme, tantôt comme un amour fraternel, maternel et paternel.
Les quatre actes se déroulent sur une trame chronologique, en débutant par l’acte 1 : Le duel entre le Comte de Luna (Etienne Dupuis) et Manrico (Luc Robert) dans les jardins du Palais de l’Aljaferia, à Saragosse; Ensuite, l’acte 2 : La gitane, nommée Azucena (Marie-Nicole Lemieux), la mère de Manrico; L’acte 3: Le fils de la gitane, Manrico, dans sa tentative d’union avortée avec son grand amour, la belle Leonora (Nicole Car) pour se terminer sur l’acte 4 : Le supplice au Palais de l’Aljaferia, à Saragosse.
Une des grandes forces du spectacle fut l’entremelage et la juxtaposition des voix, entre le Comte de Luna (baryton), Leonora (soprano), Manrico (ténor) et Azucena (mezzo-soprano). Ni l’opéra ni Verdi ne semblent avoir pris une seule ride ! Certes le travail de Jacques Lacombe, le chef d’orchestre, et de Michel-Maxime Legault, le metteur en scène, contribuent indéniablement à ne pas oublier les grands classiques de l’Opéra et de mettre en exergue l’importance de poursuivre un riche héritage musical.
La seule ombre au tableau est la traduction de l’italien vers le français et l’anglais qui ne semble pas toujours en accord, en présentant ainsi plusieurs disparités et décalages interprétatifs entre la langue de Molière et la langue de Shakespeare.
En somme, de Il Trovatore découle une mise en scène impeccable, une scénographie brillante, un jeu de lumières envoûtant et une performance artistique de grande qualité !