Entre médium et sujet
Par Simon Morin
La Parisian Laudry de Montréal située dans le quartier sud-ouest nous offre ce mois-ci le travail récent de l’artiste Jaime Angelopoulos, originaire d’Halifax. Pour cette deuxième exposition solo intitulée « Brittle radiance », l’artiste nous fait voguer entre sculpture et œuvre sur papier. En effet, la galerie illustre les sculptures de l’artiste dans l’espace de manière à ce qu’elles communiquent entre elles. Faisant écho avec les œuvres bidimensionnelles, les œuvres papiers viennent circonscrire la démarche de l’artiste qui souligne le travail de l’action. Entre le geste et la forme, l’artiste questionne le processus de création par différents médias. Elle interpelle ou plutôt intègre à son processus créatif une pluralité d’images, qui provoque une écriture de poèmes et de courtes nouvelles. Cette roue de création, soit celle d’insuffler ainsi un protocole précis de création qui pour Angelopoulos est primordial afin de provoquer sa production artistique. Dans sa démarche, l’artiste tente par les textures, choix du matériau et les couleurs riches de mettre en contact le spectateur dans une expérience sensorielle entre le corps et l’objet d’art.
Au-delà de ce processus, le visiteur semble affalé par les couleurs saturées qui surgissent sur le support. Les formes créées par l’artiste de prime abord, nous sommes un dialogue de l’abstraction. Dès lors, nous nous approchons de ces objets d’art trônant la salle. Nous percevons un langage codé qui tend vers un réel affranchissement de la forme au profit de l’œuvre. Les sculptures démontrent également cet attrait pour la couleur saturée incitant le visiteur à prendre part à cette communication entre objet et forme dans l’espace de l’exposition de la galerie. De manière beaucoup plus arbitraire, les sculptures de Jaime Angelopoulos, peuvent nous laisser perplexes de par ces formes ou la précarité et ambiguïté semble le moteur de ses créations. Or, le langage visuel de la forme très personnelle à l’artiste est plutôt une invitation à entrer au cœur même de son processus de création. Nous pouvons ainsi de manière indéniable constater l’apport de la complexité de chacune de ses créations.
Récipiendaire de plusieurs prix au Canada particulièrement le prix Hazelton Sculpture prize, l’artiste est également présente dans plusieurs collections privées et publiques au pays. Le groupe ALDO notamment compte plusieurs de ses œuvres au sein de leur collection d’entreprises. Active dans le monde du marché de l’art, ses œuvres trouvent preneurs rapidement et prouvent que sa démarche est pertinente au sein d’un marché canadien instable et fluctuant ces dernières années. Parisian Laudry nous offre une fois plus, une exposition et une artiste d’envergure qui ne tardera pas à être connue du grand public. À ne pas manquer, du 27 mars au 26 avril 2014.
Crédit Photo: ©Peter Ross