Magnifiquement grandiose!

Par Lynda Ouellet
Ce mercredi 17 septembre, à la Maison symphonique, sous la direction de Rafaël Payare était présenté nul autre que La damnation de Faust : quête de jeunesse éternelle. Dans le cadre du concert d’ouverture pour la nouvelle saison 2025-2026, Rafaël Payare a pris d’assaut cette œuvre magistrale d’Hector Berlioz avec les musiciens de l’OSM en grande forme, une chorale à la hauteur de ce déploiement ainsi que des solistes qu’on aime.

Les solistes, Karen Cargill, mezzo-soprano (Marguerite), Andrew Staples, ténor (Faust), Sir Willard White, baryton (Méphistophélès) et Ashley Riches, basse-baryton (Brander) s’incrustent petit à petit vers le chemin de notre âme avec force, sensibilité et éblouissement.
Les habiles chanteurs passent du drame à la poésie. On retiendra surtout la présence et l’émotion de Sir Willard White dans le rôle de Méphistophélès ainsi que la prestation de Karen Cargill qui nous a transmis son émotion, sa peur et la richesse de ses sentiments. Ils avaient la capacité de dominer l’orchestre au besoin. Toutefois, quelques erreurs de prononciation en français ont fait sourciller l’auditoire attentif.

Le Chœur de l’OSM et Les Petits Chanteurs de Laval dirigés par Andrew Megill et Philippe Ostiguy ont bien servi et accompagné tout ce beau monde pour une damnation bien dramatique et bien sentie. Les chœurs ont franchement été sollicités et furent à la hauteur.
Si on racontait l’histoire !
Doucement l’histoire commence, Faust nous chante ses états d’âme. Nous sommes dans la nature et Méphistophélès apparaît dans un éclair rouge. Nous comprendrons que celui-ci veut l’âme de Faust et qu’elle doit lui être offerte de son plein gré. Il tente de le corrompre, sans succès, par des agapes et des fêtes joyeuses menées par Brander. Faust trouve cela futile.
Méphistophélès doit trouver autre chose et il trouve l’appât : l’amour. C’est Marguerite, la belle, qui succombera avec Faust aux plaisirs interdits. Après un instant de bonheur, Faust doit se sauver du courroux de la mère de Marguerite et des villageois. En attendant le retour de Faust, perdu dans la nature, elle endort sa mère avec un somnifère. La mère meurt et Marguerite ira au gibet pour parricide à moins que Faust signe le parchemin et donne son âme librement au diable pour la sauver. La fin tombe, Faust va aux enfers et Marguerite au ciel.
Du grand Payare!

L’OSM, sous la direction de Raphaël Payare, a réussi ce tour de force de peindre les atmosphères si variées, illustrant les contrastes entre douceur et peur, extase, guerre et calme. Tous les musiciens ont joué l’unisson, dans tous les registres. Les trompettes et les cors illustrant les armées, les cordes en douceur et en rage, l’OSM nous a offert des effets dramatiques puissants.
L’Orchestre au grand complet, nous offrait aussi ses trésors, d’un côté les trois cloches et de l’autre l’octobasse. On a aimé les trois ou quatre coups offerts dans la soirée. L’octobasse a joué son rôle dans la dernière scène.
Il aura fallu une maestria du chef Payare pour que les scènes intimes, les chœurs festifs, les mouvements de foule (colère contre Faust) soient toutes audibles et que cet équilibre soit atteint avec le Chœur de l’OSM, Les Petits Chanteurs de Laval, les solistes et l’OSM au complet.

L’OSM sous la direction de Raphael Payare a bien dosé le spectaculaire concert dans les détails, les silences et les émotions. Nous avons assisté à une superbe histoire, une trame narrative qui nous a maintenus intéressés jusqu’à à la fin.
Une soirée mémorable qui augure bien pour la saison qui s’engage. Berlioz était à l’honneur. Si vous aimez ce compositeur, un nouvel opus s’ajoute à la discographie de l’OSM qui sortira le 17 octobre prochain. On y retrouve Berlioz, Le carnaval romain et la Symphonie fantastique sur étiquette PENTATONE.
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