Une Rose qui pousse dans la nuit
Par : Mylène Groleau
La Géante, présentée au Théâtre Maisonneuve, nous invite dans l’univers qui a forgé Rose Ouellette.
Une pièce qui nous offre la possibilité de redonner à cette dame, à la fois petite mais si grande, ses lettres de noblesse et lui attribuer le mérite dont la valeur n’aura jamais été à sa hauteur soit : GRANDIOSE.
Elle fût une pionnière au niveau de la culture et sa détermination aura permis d’apporter de la lumière dans une période sombre de l’histoire du Québec.
C’est Le Théâtre de l’Œil Ouvert qui nous invite à plonger dans l’histoire qui a vu naître La Poune que nous avons si bien connue.
Une idée originale avec textes et paroles de Geneviève Beaudet et une mise en scène de Jade Bruneau, qui vaut le détour dans l’univers du Faubourg à m’lasse.
«J’suis devenue une distributrice de rires pis de bonheur. C’est ça qu’on essaye de faire au théâtre: on rit le soir de ce qui nous fait pleurer pendant le jour. On rit de la faim, on rit du frette, on rit des patrons, on rit des élites, on rit du chômage… on rit pas longtemps, mais le temps que ça dure, on oublie ce qui va mal….» Rose Ouellette
Avant La Poune, la femme pionnière
C’est la pétillante et solide Gabrielle Fontaine qui personnifie Rose Ouellette. Une artiste dont la renommée n’est plus à décrire. La voilà qui nous surprend encore avec toute sa candeur pour interpréter cette légende québécoise de l’humour sur scène.
À travers les divers tableaux, nous sommes plongés dans les années 1910 à 1940 en découvrant, tour à tour l’univers du Faubourg à m’lasse, la Factory, le Théâtre National.
Elle est entourée de fascinants personnages qui gravitent autour de la p’tite tannante du Faubourg, et l’accompagnent dans son ascension qui la mèneront à devenir une pionnière.
En passant outre devant les préjugés et les interdits et conservant son rêve de faire rire les gens dans une ère remplit de noirceur, Rose sera une sentinelle dans la nuit et porteuse d’espoirs, là où les conditions de vie étaient particulièrement difficiles où les décès en bas âge se multiplient.
Elle fût aussi la première femme en Amérique du Nord à avoir dirigé deux Théâtres soit Le Théâtre Cartier puis Le Théâtre National faisant évoluer le burlesque et le vaudeville. Ses talents d’improvisations sur scène accompagnés de chansons et sketchs font sa marque propre à elle qui lui vaudra le nom de La Poune.
Il s’agissait d’une femme du peuple et sans contredits avec une aisance à rassembler les gens par le rire, l’humour et toucher les cœurs pour ajouter de l’espoir dans les jours gris.
Des artistes remarquables
On vacillera donc entre les années 1910 aux années 1940. Voyageant par un tramway magique avec la narration d’un cheminot (Simon Fréchette-Daoust). Tour à tour se grefferont ses amitiés Finaud (Émanuel Frappier) et Juliette (Stéphanie Arav). Puis, sa mère, Joséphine Lasanté et sa secrétaire et amoureuse Gertrude Bellerive (Jade Bruneau), un joueur d’orgue de barbarie (Philippe Robert) ainsi que Colette Monté (Rita Tabbakh) et Gabin Solent (Christian Laporte). Tous apporteront la force nécessaire à Rose d’atteindre ses rêves.
La troupe est remarquable en tout point. Les répliques sont enjouées et ajoutent de la légèreté aux scènes.
On y retrouve beaucoup de narration qui peut parfois apporter une certaine répétition mais on oubli rapidement tant les tableaux se succèdent avec une coordination parfaite.
La musique sans fausse note
La musique originale d’Audrey Thériault et les arrangements musicaux de Marc-André Perron sont omniprésents sur scène et apportent des mots sur une époque peu lumineuse.
Les capacités vocales des artistes sont à couper le souffle ! La justesse des harmonies et les précisions des notes sont exceptionnelles ! Malgré les difficultés d’animer la scène en dansant et dans les gestuelles, aucune fausse note.
Vous pouvez retrouver l’album sur les plateformes et ce, depuis cette semaine.
Une pièce sur une histoire méconnue
La pièce nous apporte une lumière sur la vie qui a façonnée Rose Ouellette. Nous sommes loin du personnage mythique de La Poune. L’époque qui a vu naître la femme de carrière.
Il y a de l’humour, impossible de passer à côté de cela en suggérant Rose Ouellette. Il s’agit d’une fiction sur les débuts de cette pionnière appuyés sur sa vie issue d’une période de grande précarité. De sa relation amoureuse avec Gertrude Bellerive sans entrer dans le coming out.
Il s’agit aussi d’une pièce où l’on célèbre La Femme, La Géante. De son importance au théâtre et de son amour pour son public.
Voici la galerie photo de notre photographe Kader Bouderbal pour cette soirée inoubliable.
Crédit photos : Kader Bouderbal / Mattv
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