Une catharsis culturelle au Théâtre St-Denis
Par : Samora Soukaina Célestin
Le quatrième lundi de janvier, souvent qualifié du « jour le plus déprimant de l’année ». Le « Blue Monday », a trouvé un antidote parfait : La Nuit de la Déprime. Organisée au Théâtre St-Denis, cette soirée unique, devenue une tradition incontournable au Québec, nous a offert une cinquième édition réjouissante. Sous l’animation de Christian Bégin, les artistes ont su transformer la morosité hivernale en une soirée émotive, drôle et surtout inoubliable.
Un retour à l’animation empreint d’énergie
Dès son ouverture, Christian Bégin a donné le ton avec une introduction humoristique sur les absurdités de la condition humaine. Entre ironie douce et vérités percutantes, il a réussi à équilibrer le rire et la réflexion. Comme à son habitude, il n’a pas manqué de surprendre, à un moment, il s’est retrouvé sur scène en boxer à l’effigie du drapeau américain, faisant référence l’investiture de Donald Trump. Si cela n’était pas assez, sa conjointe est montée sur scène pour un moment « d’improvisation » aussi inattendu qu’hilarant.
Une soirée riche en émotions et en souvenirs
Le spectacle a offert une programmation variée, allant de performances musicales à des moments humoristiques. Linda Lemay a ouvert les cœurs avec « Le plus fort, c’est mon père », rappelant l’importance des figures parentales dans les épreuves. Puis, Zachary Richard, une légende vivante (« car avouons-le, une légende morte, ça serait étrange », plaisante Christian Bégin), a partagé son histoire poignante. De son AVC en 2010 à sa résilience en 2012, il nous a livré une version acoustique de « La balade de Jean Batailleur » ainsi que « J’aime la vie » avec son petit-fils Émile Cullin, une véritable leçon de vie et d’espoir.
D’autres moments forts incluaient Marie-Carmen avec « Entre l’ombre et la lumière », Thierry Larose et son évocatrice « Île à 25 sous », ainsi que Yama Laurent, qui a bouleversé la salle avec « I Want to Know What Love Is ». Parmi les moments mémorables, Soleil Launière a captivé l’audience avec une prestation émouvante et spirituelle, ajoutant une profondeur artistique unique à la soirée.
L’humour au service de la catharsis
Côté humour, Arnaud Soly a brillé par son humour fin et Chantal Lamarre a touché avec « La ballade des gens heureux », prouvant que même les chansons nostalgiques peuvent être porteuses de rires.Véronic DiCaire, quant à elle, a livré un mélange explosif avec « Crisse de Johnny » de la bande sonore des Belles-Sœurs. La surprise de la soirée, Michèle Richard avec « Je suis libre » et accompagnée de Mado Lamotte qui s’est également livré en solo. Un véritable 2 pour 1 des reines qui a transcendé le temps. Sans oublier le passage de Joe Bocan et de Brigitte Boisjoli.
Un final monumental
La soirée s’est conclue sur une note magistrale avec Jacques Michel, monument intemporel de la chanson québécoise, suivi d’un hommage à Starmania interprété par Benoît McGinnis. Ce fut un moment de communion où la salle, unie par une même émotion, a chanté en chœur.
Une soirée à revivre sans hésitation
Cette édition de La Nuit de la Déprime a une fois de plus montré que l’art et le remède a bien des maux. On en ressort ému, nostalgique, allégé et curieux de ce que l’année prochaine nous réservera.
Alors, à l’an prochain ? Même date, même heure ?
Puis, comme dirait Christian Bégin :
« Parfois, la meilleure façon de combattre la déprime, c’est de la chanter, la rire et la vivre ensemble. »
Crédit photos : Carrerapix / Mattv