La liberté est un chemin moins fréquenté
© Gunther Gamper
Par : Sébastien Bouthillier
À 12 ans, la prof d’anglais du metteur en scène Sébastien David a présenté La Société des poètes disparus aux étudiants de son cours. Le film le fascine et il opte ensuite pour les arts dramatiques au cégep. Paru en 1989, le film devient une référence parce qu’il a marqué les adolescents de l’époque… et ceux qui l’ont découvert jusqu’à aujourd’hui car le thème de l’émancipation est toujours actuel.
Dans le scénario, le professeur de littérature convie ses étudiants à saisir la vie qui s’offre à eux, à écouter leurs passions plutôt que se conformer aux dictats de l’académie Welton : excellence, honneur, tradition et discipline. Cependant, en se moquant de ses principes éducatifs, le professeur Keating (Patrice Dubois), lui-même un diplômé de Welton, préfère que ses étudiants tracent leur propre voie.
Parmi eux, Émile Schneider incarne avec conviction Neil Perry, le premier de classe que son père destine à devenir médecin. Neil trouvera la mention de la Société des poètes disparus dans l’album des finissants de l’année de la promotion de son prof de lettres. À partir de cette découverte, un dilemme confrontera la bande : se soumettre à l’autorité du directeur du collège, le redoutable Paul Nolan, joué par Jean-François Casabonne, ou bien s’émanciper pour devenir qui ils veulent être.
Si Neil agit comme un leader positif parmi ses confrères, notamment le timide Todd Anderson (Simon Landry-Désy), il s’écrase devant son père, dont il a imité la signature sur un feuillet d’autorisation à jouer dans une pièce de théâtre. Le surdoué jouera Puck, mythique personnage qui détonne par son extravagance, dans Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Mais son père fera irruption sur scène pour l’empêcher de jouer.
Le courage manquera à Neil pour confronter son paternel et assumer son propre choix. Au lieu de rater sa vie en menant celle que son père a tracé pour lui, il préférera se l’enlever… Sur qui retombera la faute?
Les six étudiants réunis autour du professeur Keating manifestent leur personnalité à travers leur expression et leur démarche propre. Chaque comédien a saisi la personnalité du personnage qu’il joue. Loin d’être génériques ou interchangeables, ils font revivre la Société des poètes disparus. Ils découvrent la liberté par la poésie, s’émancipent grâce aux écrivains romantiques – par les réalistes.
Sébastien David n’a pas adapté au théâtre les scènes du film, il a créé la pièce à partir du texte original, qui est théâtral par les envolées des personnages. Certains aspect du jeu demeurent cinématographiques, mouvements ralentis, lumière incandescentes, scène dépouillée, comme pour faire clin d’oeil au film.
La Société des poète disparus, au Théâtre Denise-Pelletier, jusqu’au 26 avril.