Cirrho devenu grands, et presque sage, presque
Par : Ariane Coutu-Perrault
La formation de Cirrho lançait leur quatrième opus sous leur nouveau nom; on balance le cendrier pour faire place à cet album à cœur ouvert. Écrit d’abord à la guitare sèche et au piano, ils viennent puiser dans leurs trips pour compléter brillamment l’album fullband, avec juste assez de distorsion. Pour créer finalement une musique lourde qu’on leur connait bien, mais dans une structure chaotique mieux dirigée. Effectivement, les gars de Cirrho ont toujours été éclatés musicalement, comme sur scène. Cette fois-ci, on sent une ligne plus directrice bien que juste assez fine. Reconnu pour leur son abrasif, mélodique et glauque, on reconnait définitivement leur style, parsemé de quelques blastbeat et des hurlements qui font écho à une anxiété et aux enjeux de santé mentale, partagé par leurs fidèles. On sent que leur talent musical est mis pleinement en valeur, tel que le clavier et les lignes de basse qui font groover les planchers. On entend définitivement une maturité dans leur son, et dans leur parole. Chacuns d’entre eux réussissent à briller et avoir leur moment de gloire; quand less is more.
Sortis le 9 juin 2023, ils lançaient le nouvel album, quelques jours plus tard aux Foufounes électriques, avec Tempête et Saint-Martyrs, qui ont réussi haut la main de mettre une ambiance sombre mais festive. Cirrho est monté sur scène dans une fébrilité palpable, devant une foule qui connaissait déjà les paroles par cœur, parce que Cirrho, c’est beaucoup ça. Une communauté un peu brisée, mais unie dans l’adversité. Oublier consciemment que ça fait mal, le temps d’une soirée, pour célébrer la résilience de toustes et chacunes, dans un tourbillon de sentiments assumés. Il était difficile de ne pas être ému.e à un moment ou un autre, notamment durant la chanson overpass. Il était plutôt touchant de les voir parler en même temps entre les chansons, comme des enfants débordant d’émotions. Leur cœur d’enfant se donnait d’ailleurs à cœur joie de sauter sur un trampoline déposé derrière, là où se trouve d’habitude la batterie. La mise en scène plaçait plutôt la batterie sur le côté, faisant face au piano. Si certain.e.s puristes de mauvaise foie sauront être décu.e.s, il est impossible de ne pas sentir la sensibilité musicale qui guide cet album cathartique.
Crédit photo de couverture : Vanessa Séguin
*Cet article utilise l’écriture inclusive