Porte-voix des minorités mexicaines
Par : Marie-Christine Jeanty
Lila Downs, née dans les montagnes d’Oaxaca, d’une mère mixtèque et d’un père écossais, est une véritable ambassadrice de la culture ancestrale du Mexique et donne une voix aux revendications des minorités mexicaines. Dailleurs, c’est une des raisons pour laquelle elle a reçu des mains de Laurent Saulnier, VP responsable de la programmation du Festival de Jazz, le prix Antonio-Carlos Jobim. ‘‘Lila Downs a su intégrer les traditions folkloriques mexicaines au jazz, gospel et hip-hop, et ce en chantant tant en mixtèque, zapotèque, maya, nahuatl, espagnol et anglais » a entre autres dit Laurent Saulnier avant de lui remettre le prix. Le Prix Antonio Carlos Jobim est attribué chaque année à un artiste qui s’est particulièrement distingué dans le domaine des musiques du monde dont l’influence sur l’évolution du jazz et des métissages culturels est reconnue.
Entre Tradition et Militantisme
C’est dans la tradition ranchera (liés aux mariachis) que Lila Downs a commencé son spectacle avec la chanson Borrachita de Tequila. Elle aura chanté et dansé pendant près de 2 heures, sans entracte, et incluant un long rappel. Lila Downs et son groupe se sont littéralement déchaînés. Le public était certes déjà conquis, mais je me dois de mentionner qu’il a été de nouveau charmé par tant de générosité, et surtout de l’authenticité de la part de l’artiste qui est fière de ses origines. Cette grande artiste, engagée, tente par la musique de sensibiliser le monde aux douleurs de son peuple, mais aussi à la magnificence de ses traditions. Le public était en grande partie mexicain d’origine, nous pouvions voir des drapeaux flotter dans la salle et il chantait et dansait bien souvent en harmonie avec elle.
Lila Downs a chanté en majorité des compositions tirées de son plus récent album Balas y chocolate ainsi que des chansons tirées de la tradition musicale latino américaine telles que Piensa Me, Cucurrucucú Paloma, Lacrimas Negras, en y ajoutant d’autres de ses compositions comme Paloma Negra tirér de la bande sonore du film Frida (film sur la vie de la peintre Frida Khalo) qu’elle a en partie produite et La Niña qui raconte l’histoire d’une jeune mexicaine disparue. Parlant de disparition, sur son plus récent album Bala y chocolate, Lila Downs nous chante le cycle de la vie et de la mort dans la tradition mexicaine. Elle rend hommage aux disparus et aux opprimés : étudiants, femmes et journalistes, comme dans la chanson La Patria madrina, où elle évoque la disparition de ces 43 étudiants à Iguala (sept. 2014) ou encore dans la chanson Humito de copal où elle se met à la place de ces gens qui luttent pour une vie meilleure au Mexique.
Énergie Contagieuse
Lila Downs a dynamisé et électrisé le Métropolis avec son groupe. Parlons de son groupe, il est composé en majorité de latino-américains, mais aussi d’américains, dont son mari Paul Cohen (saxophoniste et claviériste). Il s’agit d’un groupe métissé à l’image de sa musique, où folklore mexicain et tradition jazz s’entremêlent avec une dose de hip-hop et de gospel. Chacun d’entre eux a livré une performance généreuse et en symbiose avec le public. L’amour de Lila Downs pour son pays, pour ses traditions, son ardeur dans la défense des opprimés et son énergie sur scène, n’ont laissé personne indifférent.
Texte révisé par : Louise Bonneau