Astre majeur, danse lunaire
Par: Hanieh Ziaei
Les Grands Ballets Canadiens nous invite à un voyage céleste à travers le temps cyclique de la Lune : croissance, décroissance, disparition et réapparition. À l’image de nous-mêmes, de nos instincts, de nos passions, de nos ambivalences, cet astre majeur rythme la vie sur scène et donne le tempo, en éclairant chaque mouvement et les corps lunaires.
Les chorégraphes Andrew Skeels, Vanesa Garcia-Ribala Montoya, Marcos Morau, Edgar Zendejas et Lesley Telford s’inspirent ainsi de l’influence de la Lune sur notre monde. Quatre regards esthétiques se lient, se rallient, se croissent, s’entrelacent alors pour donner une justesse parfaite à chaque mouvement et impulsion corporels, en n’oubliant pas de saisir cette opportunité performative pour souligner la pluralité de notre humanité et l’hybridité des peuples, notamment à travers la diversité des corps présents sur scène, la sonorité des langues et langages. Le temps d’un spectacle, c’est tout un rappel de la coexistence des réalités multiples et l’interconnectivité des êtres et des cultures qui est de mise.
Avec une scénographie minutieusement travaillée, Yoko Seyama revisite le minimalisme graphique et parvient à créer sur scène non seulement une impression optique, en recourant au numérique mais aussi un effet sensoriel inattendu. Cette mise en scène théâtrale réussit un pari rare celui de l’hypnose !
Quant au choix musical, à l’image de notre monde pluriel, il est hétéroclite, hétérogène et pluriel. Le voyage continue aussi à travers une belle palette des musiques du monde (De John Cage à José Galván en passant par Caetano Veloso et Dyaoulé Pemba).
Dans une symétrie parfaitement maîtrisée, les corps s’élèvent du sol pour parvenir presque qu’à décrocher la lune et nous plonger dans l’intensité du clair-obscur de la lumière lunaire. Chaque mouvement s’inscrit dès lors dans une dualité constante et transversale entre lenteur et vélocité où la Lune semble graviter autour des danseurs comme elle gravite autour de la Terre.
Pour vous, l’article Roméo et Juliette: Les amants ne meurent jamais, Des Grands Ballets Canadien, paru en mars dernier