Un prénom à la différence
Par : Jean-Claude Sabourin
C’est dans une franche ambiance de rentrée que s’ouvrait la 61e saison du Théâtre Denise-Pelletier le 28 août dernier. Les poignées de mains par-ci, les bises par-là, un certain gratin se retrouvait après un assez bel été, au Québec du moins. Ce soir-là, on présentait la pièce Michelin écrite par Michel-Maxime Legault et mise en scène par Marie-Thérèse Fortin.
La minuscule salle Fred-Barry se retrouva débordante de gens heureux de se retrouver et de se trouver à nouveau devant un spectacle « live ». Une grosse panne de courant dans ce secteur de Montréal ajoutait une sorte de fébrilité au moment. Puis les lumières s’éteignirent, pas à cause de la panne, et la saison théâtrale 2024-2025 débuta.
Michel-Maxime Legault s’appelle en vérité Michel. Le suffixe « -Maxime » a été ajouté pour ne pas le confondre avec un autre Michel legault dans l’Union des artistes. Toutefois, si les parents de l’acteur avaient suivi leur première idée, il se serait prénommé Michelin. Ainsi, il n’aurait pas eu ce problème d’homonymie, mais aurait-il quand même écrit cette pièce? Rien n’est moins sûr.
La question de l’influence du nom sur les personnes est d’ailleurs intéressante. Saviez-vous qu’il existe quelques études sérieuses là-dessus? Je vous laisse gambader sur PubMed par vous-mêmes pour en savoir plus. Quant à Michel-Maxime Legault, son analyse à lui est anecdotique et empreinte d’humour. Elle va aussi plus loin, puisqu’il s’agit aussi d’examiner l’effet de savoir que l’on a presque porté un autre nom.
Pour l’acteur, le concept de Michelin Legault a bel et bien existé, l’idée a même effleuré la réalité. Tellement proche, que Michel se compare à une version de lui-même dans l’univers rural de sa jeunesse. Un monde bien différent des planches d’un théâtre où il a abouti.
L’acteur en profite pour disséquer l’évolution de son comportement dans son milieu familial agricole et de nous brosser un portrait loufoque, franc et tendre des autre membres de son clan. Bon, il aborde plusieurs thèmes échevelés qui parfois donnent au spectacle des allures de « stand-up », mais la scénographie et la mise en scène nous ramènent à la bonne vieille dramaturgie. L’utilisation de la projection vidéo est assez réussie d’ailleurs.
Il a donc évolué au sein d’une faune filiale dans laquelle il se reconnaissait peu, mais on a le clair sentiment qu’il l’affectionne. Sa différence ne lui a pas fait couper les ponts, et les assises de l’ouvrage sont aussi restées solides de l’autre côté. Un aspect dont tous ne peuvent se targuer. Ainsi, le prénom n’est que le faire-valoir d’un questionnement intérieur quant aux sensibilités, aux choix, aux désirs, aux talents et aux amours. Le questionnement qui nous titille tous de temps en temps : qui suis-je moi?
En fait, Michel est ce qu’il est, au même titre que ses parents, sœurs, frères, cousins et cousines. La différence qui est la sienne n’a d’égal que nos différences à toutes et tous, et on constate qu’elle ne tiennent pas qu’à un prénom.
La pièce est à l’affiche jusqu’au 21 septembre 2024, et les billets sont disponibles au Théâtre Denise-Pelletier.