De la belle visite!
Par : Lynda Ouellet
Enfin, nous y voilà! L’OM recevait ce vendredi 19 avril nul autre que l’Orchestre de Philadelphie à la Maison symphonique. Comme une demi-sœur dont on connaissait l’existence et que nous n’avons pas vue depuis 20 ans, l’Orchestre de Philadelphie nous fait l’honneur de sa visite. La soirée sera mémorable avec le chef Yannick Nézet-Séguin. Au menu, la Symphonie n° 4 de la compositrice afro-américaine Florence Price et l’imposant Rachmaninov avec la Symphonie n° 2 en mi mineur.
Les présentations officielles!
Avec noblesse, Yannick Nézet-Séguin nous présente son univers de Philadelphie. Le Maestro est fier de ses deux enfants musicaux qui se sont peu fréquentés. Plusieurs musiciens de l’OM sont présents dans l’auditoire pendant que sur la scène, les musiciens de l’Orchestre de Philadelphie sont prêts. Nous assistons à un beau moment.
Florence Price mérite un grand orchestre!
Le chef Yannick Nézet-Séguin honore Florence Price, décédée en 1953. Elle a été reconnue comme la première femme afro-américaine à voir sa musique jouée par un grand orchestre américain. Ses compositions ont été fortement influencées par la musique de son époque, le negro-spiritual et celle du jazz.
Lorsqu’on entend sa Symphonie n° 4 (composition découverte en 2019) , on n’a qu’une envie soit se mettre à danser ou soit fermer les yeux et s’imaginer être dans les bras d’un être aimé. Il se dégage de cette symphonie une musique du sud-ouest afro-américaine teintée de tambours africains, un vrai délice.
Tout au long des trente-quatre minutes que dure la Symphonie n° 4, les quatre mouvements passent par diverses variations. Le temps est soudain suspendu. Et c’est là que l’analyse se fait. On tombe amoureux, car les musiciens guidés par le maestro nous démontrent avec cette symphonie toute une gamme d’émotions, de puissance et de fragilité musicales. Tranquillement, sur nos visages s’installe un sourire béat, la magie a opéré. Le chef Nézet-Séguin est ravi de la prestation donnée. Florence Price n’aurait pas pu mieux souhaiter que l’Orchestre de Philadelphie pour interpréter son œuvre.
Rachmaninov et la virtuosité!
En deuxième partie, nous assistons en quatre mouvements à une suite vertigineuse de dextérité, car dans sa Symphonie n° 2, Rachmaninov n’épargne personne. Cela prend des musiciens virtuoses et un génie pour assurer la coordination de cette œuvre magistrale. Lorsqu’ils s’exécutent, les cordes, les cuivres, les bois et les percussionnistes défilent dans une dégringolade de notes, à la fois effrayante et également fascinante tellement tout est au quart de tour et d’une rapidité fulgurante avec de légères accalmies. Rapidement, on comprend que l’intensité d’interprétation est contrôlée parfaitement par la confiance des musiciens envers leur chef. C’est de l’ordre de l’émerveillement.
À refaire, dans un délai raisonnable svp!
La finale est percutante. Le public ovationne ces généreux musiciens ainsi que leur chef. Yannick Nézet-Séguin est heureux d’avoir présenté sa Maison de Montréal à son Orchestre de Philadelphie. La fierté était au rendez-vous! La salle remplie à craquer lui a bien rendu par une salve d’applaudissements avec ovations prolongées! Message à l’Orchestre de Philadelphie, revenez sous peu, on vous veut à nouveau! De la bien belle visite!