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On vous présente : Thierry Larose

Thierry Larose, de la pop qui surprend


© Thierry Larose, Crédit photo : Erika Essertaize

Par : Myriam Bercier

Ma chronique On vous présente est de retour pour l’année 2021! En guise de rappel, On vous présente vise à vous faire découvrir des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, on découvre ensemble Thierry Larose.

Thierry Larose est une jeune auteur-compositeur-interprète originaire de Marieville. Son parcours musical semble sorti tout droit d’un conte de fée : il arrive en 2018 à Montréal dans l’optique de profiter de son année sabbatique d’études pour faire de la musique. En un an, il participe aux Francouvertes en 2019, où il se fait remarqué par Grosse Boîte puis assure quelques fois la première partie de Safia Nolin ainsi que celle des Soeurs Boulay. Entre temps, il entre en studio et enregistre quatre pièces.


© Thierry Larose, photo tirée de sa page Facebook

Il a fait paraître deux chansons en 2020, soit L’île à vingt-cinq sous (30 avril 2020), qui date de 2016 et Les amants de Pompéi parue en février 2020. Le 26 janvier 2021, il fait paraître la pièce éponyme de son album à venir, Cantalou, ainsi qu’un vidéoclip pour l’accompagner. Sur cette chanson, on l’entend notamment à la guitare électrique, acoustique et résonateur, au Casio WK-110 et au Wurlitzer inversé.

J’ai eu la chance de m’entretenir avec lui en entrevue zoom la semaine passée. Nous avons parlé notamment de l’indice boursier comme déclencheur de sa carrière musicale, de sa nouvelle pièce Cantalou et de la création de sa chanson Les amants de Pompéi. 

Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
Thierry : La vraie réponse, c’est l’indice boursier à la télé. On a un vidéo VHS de ça, en 1999, je suis bébé et il y a de la musique qui joue à la télé, c’est l’indice boursier et je suis comme une mouche devant la lumière, je rampe jusqu’à la télé. Mes parents se sont dit « ah, il a peut-être un avenir financier prospère, notre enfant » mais finalement c’était juste la musique qui jouait en arrière qui m’hypnotisait.

Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire pour créer une chanson?
Thierry : Jamais la même chose. […] J’ai sorti une chanson qui s’appelle Les amants de Pompéi et c’est pas mal clair ce qui l’a inspirée. Il y en a où c’est plus mystérieux, même pour moi, des fois je me le demande… Je ne peux pas faire comme s’il y avait une affaire qui marchait à tout coup, comme la météo par exemple. Il y a des gens qui regardent dehors et qui écrivent une chanson, j’aimerais ça avoir leur efficacité mais hélas!
Myriam : Peut-être un jour?
Thierry : Je me force ces temps-ci. Oui, parce que j’ai fini d’enregistrer le premier disque et il met tellement de temps à sortir que je deviens fou, je réécoute les mix tout le temps et je veux tout le temps retourner en studio tout changer parce qu’il sort jamais (rires). J’ai le temps de tout remettre en question tout le temps. Pour contrer ça, ce que je fais c’est que je prépare l’album 2, et je vais rentrer en studio probablement avant que l’album 1 sorte.
Myriam : Ça doit être quelque chose quand même…
Thierry : Je me plains mais c’est parce que je suis impatient. Ce n’est vraiment pas la fin du monde.

Myriam : Tu as participé aux Francouvertes en 2019 et je crois que ça a marqué un point tournant dans ta carrière, quels impacts a eu ce concours?
Thierry : Ça a tout changé. C’est drôle parce que je ne voulais pas les faire au début, je me suis fait convaincre par mon ami. Quand j’ai été accepté, j’étais comme fâché contre lui, je lui disais « bordel j’aurais pas dû t’écouter! » Finalement, ça a tout changé. C’est des rencontres, je me suis fait des amis, ça a fait que j’ai pu avoir une « carrière » pour vrai avec des chiffres, des rencontres et des choses à montrer à ses parents. C’est sûr que ça a été un point tournant. Je commençais à ce moment-là, je n’avais rien sorti, donc le timing était vraiment super.
Myriam : Ouais? Je me demandais si c’était un bon timing ou un drôle de timing comme tu n’avais rien sorti encore?
Thierry : Moi ça me plaît parce que c’est comme un « moment in time ». Il faut que je me rappelle ça avec le disque aussi parce que quand je réécoute le vidéo des Francouvertes, je me dis « ah, ça je ne ferai plus jamais ça! » mais il faut que je me dise qu’à ce moment-là c’était exactement ce que je voulais faire. Et il y a toujours quelque chose d’un peu touchant de se voir avec le recul et de remarquer à quel point on était sûr de ce qu’on faisait.

Myriam : Je sais que tu disais que l’inspiration te vient de plein de choses, mais as-tu un processus de création peut-être?
Thierry : Non (rires). Je joue tout le temps tout le temps tout le temps les mêmes choses au piano. Moi, c’est correct, mais les gens autour de moi c’est sûr que ça les rend fou. Quand la chanson finit par exister, c’est surprenant pour eux parce qu’ils me disent « je la connais, tu la joues toute la journée tout le temps! » C’est tout le temps les mêmes trente secondes de piano pendant des semaines.
Myriam : Puis à un moment tu rajoutes des trucs dessus? Est-ce que c’est un peu comme des Lego?
Thierry : Quand j’écris une chanson souvent, moins un peu ces temps-ci, ce qui est curieux, mais normalement je sais à peu près comment elle va sonner, je pense aux arrangements. Sur l’album, j’ai enregistré beaucoup des instruments moi-même. On dirait qu’à un moment donné ça débloque et là tu le sais. Tu vois où ça s’en va, telle section mène à telle autre section. Ce que j’aime le plus dans la musique c’est les accords. Quand j’ai une progression qui me plait et des changements inattendus, là je sais où ça s’en va et je construis à partir de là.

 

Myriam : Tu viens de sortir une nouvelle chanson, Cantalou, peux-tu nous en parler?
Thierry : Oui, c’est quand même une vieille… encore une fois je suis impatient donc n’importe quoi qui est plus vieux qu’un mois c’est vieux. C’est une vraie vieille elle. C’est avec celle-là que j’ai rencontré Alexandre Martel qui a réalisé le disque qui va sortir. Alexandre Martel qui est aussi Anatole le chanteur, qui a aussi travaillé sur Darlène de Hubert Lenoir et le disque de Mauves et toute sorte de projet que j’adore. Lui, il avait entendu Cantalou aux Francouvertes et je sais qu’il aimait beaucoup cette chanson-là et c’est avec elle que lui m’a écrit en fait. C’est avec elle qui m’a découvert. Je dois ça à cette chanson-là, c’est sûr. Quoi d’autre? Il y a mon ami CAO (Charles-Antoine Olivier, du groupe Zen Bamboo) qui joue de la batterie là-dessus. À chaque fois que j’entends la chanson maintenant, je peux juste me concentrer sur la batterie parce qu’il est tellement bon et il joue tellement pas comme un vrai batteur (rires). Il fait des passes que n’importe quel «vrai» batteur professionnel ne ferait jamais. Il est juste comme ça, il est un peu excentrique et je suis tellement fan de ce qu’il fait que maintenant à chaque fois que j’entends la chanson c’est la batterie. […] Aussi, le feedback dans la chanson, tu sais c’est quoi le feedback? C’est quand ta guitare est trop forte et ça résonne. On l’a fait avec une guitare acoustique avec un micro et on avait boosté les amplis en studio et quand ce n’est pas une guitare électrique, ça ne sonne pas comme du vrai feedback, je trouve que ça sonne un peu comme un saxophone qui hurle un peu (rires). J’aimais trop le son donc on l’a gardé.

Myriam : Tu vas sortir ton premier album en carrière, Cantalou, le 12 mars 2021. À quoi peut-on s’attendre avec cet album-là?
Thierry : Je n’ai pas de vrai attachement aux genres, je ne voudrais pas qu’on dise que c’est une affaire parce que je ne pense pas que c’est un style, mais ce qui revient c’est … je ne sais pas… je pense que c’est tout le temps des chansons que j’ai écrites assez méticuleusement, c’est tout le temps comme des chansons. Après ça, le style est rarement le même (rires). J’imagine que ce qui prévaut […], ce qui ressort souvent c’est mon amour pour la musique indie, la musique indie rock et aussi la chanson française et québécoise. Jamais je me dis « je vais faire une chanson rock », c’est toujours de la construction. Après, ça décide de ce que ça veut être, c’est un peu plus fort que moi sans vouloir sonner un peu prétentieux… Ça devient un peu autre chose quand la chanson est finie d’écrire. C’est une collection de chansons (rires). C’est pas une très bonne description à date, hein? (Rires) C’est un peu ésotérique tout ce que je dis, on dirait que j’aimerais ça trouver des trucs plus clairs… […] Je peux dire que c’est toujours teinté de mon amour pour la musique pop. Je pense que la musique pop, c’est toujours bien construit. Il y a des codes, des normes que tu peux briser à loisir. C’est ça qui m’amuse le plus, je pense, parce qu’au final c’est de la musique pop. Je ne fais rien d’avant-garde trop trop. Après ça, esthétiquement, ce n’est pas toujours pop, mais dans l’essence je pense que c’est de la musique pop pour vrai.

Myriam : Et est-ce que tu as des thèmes qui reviennent?
Thierry : Je pense qu’il y a beaucoup de chansons qui sont des chansons comme d’amour mais qui n’en sont pas des vraies. On dirait que je ne suis pas game encore. Un jour, je ferai des vraies de vraies chansons d’amour pures et dures, mais pour l’instant je pense que c’est des chansons d’amour qui ont quelque chose qui est un peu à côté. C’est presque, ça se rend presque mais ce n’est pas là encore. Il y a beaucoup de trucs, je pense à une chanson en particulier que j’ai écrite après avoir vu Before Sunrise, le film, je sais pas si tu connais cette trilogie? C’est super bon si jamais tu veux les écouter. C’est des films de Richard Linklater. […] On suit l’histoire de deux amoureux, c’est super doux-amer, il n’y a pas de meilleurs mots, je me plais à dire que c’est aigre-doux. Je pense que c’est ce sentiment-là que j’essaie presque toujours d’atteindre dans les paroles.

 

Myriam : Je sais que ça doit faire quand même longtemps, mais comment s’est passée la création de ton album?
Thierry : Puisque c’est le premier, il y a beaucoup de chansons que j’ai écrites il y a longtemps. On dirait que je me devais de sortir … La personne que j’étais quand j’avais 16 ans serait vraiment contente de voir que la chanson que je viens d’écrire est sur son premier disque. Tantôt je ne voulais pas sonner prétentieux mais là je parle à la troisième personne donc c’est de pire en pire (rires). Ça l’a pris quand même longtemps officiellement, mais les chansons … il y en a qui ont pris du temps à écrire. Par exemple Les amants de Pompéi c’est vraiment des vieilles idées musicales et les paroles me sont venues la veille de l’enregistrement. J’avais la mélodie, on avait enregistré tous les instruments, j’avais fait le piano, les guitares, le clavier. En studio, j’avais juste fait des lalala et je leur avais dit « inquiétez-vous pas, je vais avoir des paroles demain » et j’en avais pas! Toute la nuit j’essayais des affaires et à moment donné ça a débloqué. Donc le lendemain, quand on a enregistré mes vocals, c’était la première fois je chantais les paroles pour vrai.
Myriam : Avais-tu en tête déjà que tu allais faire une chanson sur ce thème-là ou dans la nuit tu as pensé aux amants de Pompéi, le masturbateur et on y va avec ça?
Thierry : Tu connais l’histoire!
Myriam : J’ai fait mes recherches! ????
Thierry : J’avais ce thème-là en banque, quand j’avais vu l’histoire du masturbateur, je me suis dit que c’était trop bon pour laisser passer ça. J’ai lu l’histoire et je me suis dit « ça ne peut pas pas être exploité d’une manière un peu tragi-comique et si personne ne veut le faire moi je le ferai » mais je ne savais pas que ce serait cette chanson-là en particulier. C’est sûr que je l’avais en réserve. Tu connais Rocking in a Free World de Neil Young? il avait dit de quoi de similaire; il avait dit « c’est trop niaiseux mais c’est trop bon pour que personne utilise cette phrase-là. Si personne ne va le faire, moi, je le ferai. » Donc j’imagine que j’y dois mon raisonnement.
Myriam : (rires) On le remercie!
Thierry : On remercie monsieur Neil!

Myriam : Outre la sortie de ton album, qu’est-ce qui t’attend en 2021?
Thierry : C’est dur à dire avec la COVID, mais c’est sûr que j’aimerais ça continuer de sortir de la musique, de sortir des clips, je suis très fier des vidéos qui sont sortis jusqu’à présent d’ailleurs. Celui de Cantalou vient de sortir et j’ai eu un moment où j’étais très reconnaissant de pouvoir faire tout ça. C’est assez récent tout ça pour moi, donc on dirait que je ne m’en rends pas compte sur le coup que je suis super choyé de pouvoir sortir des chansons, faire des vidéos avec plein de gens qui y croient, sortir ça et qu’en bonus que les gens aiment ça. C’est quand même fou, tu sais. Si je peux continuer d’avoir ces feelings-là et de pouvoir continuer à écrire, continuer à produire, je vais faire ça jusqu’à ce que je ne puisse plus.

 

Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Thierry : On dirait que je préférerais poser une question à toi en tant que journaliste parce que personne ne vous interview!
Myriam : Ben là! C’est ben cute!
Thierry : J’ai des amis qui sont journalistes, je l’ai été pendant un certain temps pour Ecoutedonc.ca et c’est vous les vraies rockstars moi je pense. Une fois je suis allé au FME, et je dis ça un peu en riant mais avec beaucoup d’affection, mais je suis allé au FME avec une gang de journalistes et les partys de journalistes sont ben plus cool que ceux d’artistes. Vous êtes tissés serrés aussi j’ai l’impression, je trouve ça cool.
Myriam : Avec la COVID c’est plus difficile, mais habituellement oui. […]
Thierry : Ma question pour toi serait : ça a été quoi ton entrevue la plus difficile?
Myriam : J’en parle presque jamais, mais mes premières entrevues en vrai ont été au Premier Gala de l’ADISQ. J’étais zéro préparée [à ce qui m’attendait] , je ne savais pas ce que je faisais […]. On m’a envoyée dans une salle, on m’a dit que les artistes allaient venir, que j’allais leur poser des questions, toujours la même. Je me disais que c’était le Premier Gala et que ça allait être des artistes plus underground… La première personne qui rentre c’est Ginette Reno (rires). Je suis zéro préparée, ma question n’est pas vraiment rodée, je lui pose question et elle me dit « je ne sais pas trop quoi répondre. » Je pense que ma question c’était « est-ce qu’il y a une chose de cette année que vous aimeriez changer ? » Elle m’a demandé si je voulais une réponse personnelle ou générale, je lui ai dit « ce que vous voyez » et elle m’a répondu « la météo » (rires). J’ai un peu pleuré dans mon cœur pendant trente secondes, j’avais une chance avec Ginette Reno et je l’ai ratée, mais bon! […] Finalement il y a une journaliste qui m’a prise à part, qui m’a conseillée de poser ma question sur l’industrie musicale, s’il y a quelque chose qu’ils voudraient changer dans l’industrie. Elle a été vraiment gentille, elle m’a beaucoup aidée! C’est ce qui est cool chez les journalistes, c’est quelque chose qui va ressortir souvent, c’est qu’on va s’aider entre nous. […]
Thierry : Et là après Ginette Reno est partie?
Myriam : Oui, et c’était ma première expérience d’entrevue en vrai avec quelconque être humain, je n’avais jamais fait ça, je n’étais pas préparée, je n’avais pas appris à le faire encore. Là, je commence à être rodée un peu, ce n’est pas parfait mais cette chronique-là ça fait une quarantaine que je fais, donc… […]

1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Si je peux la choisir, ça en serait probablement une qui est relativement longue et complexe pour qu’idéalement je ne m’en lasse jamais… Paprika Plains de Joni Mitchell me vient à l’esprit. Et puis ça calmerait sans doute mes angoisses de naufragé.

2. Ta chanson de rupture préférée?
Probablement Sara de Bob Dylan.

3. Ta chanson d’amour préférée ?
Il y en a tellement! Une qui revient toujours est Harvest Moon de Neil Young.

4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage ?
Vanden Dool – je l’ai vu en spectacle à l’Escogriffe et me suis empressé d’acheter son CD, qui a par après joué en boucle chez moi pendant longtemps.

5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Life Is Crazy, de Sean Nicholas Savage

6. La chanson qui te rend le plus heureux ?
Difficile à dire… Je crois que la dernière fois que j’ai eu un véritable élan de joie en entendant une chanson, c’était Gentil dauphin triste de Gérard Lenorman hahah

7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup ?
J’aime beaucoup Burt Bacharach ces temps-ci. J’aspire à pouvoir construire des chansons pop aussi efficaces et imprévisibles que les siennes.

8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Red Vines par Aimee Mann – j’adore cette progression d’accords! Je m’en suis servi moi même dans le passé hihi. C’est la même dans Closing Time de Semisonic ou bien Hot N’ Cold de Katy Perry. Un jour, je ferai une grande playlist avec toutes les chansons ayant la progression d’accords I-V-II-IV que j’aime tant.

9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Quelqu’un m’a dit, de Carla Bruni

10. Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
Toujours la plus récente, jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par une nouvelle. J’ai de la misère à avoir le recul nécessaire pour en choisir une préférée – peut être dans 10 ans? À suivre.