La fragilité des pourparlers de paix
© Caroline Laberge
Par Sébastien Bouthillier
Avec Oslo, le Théâtre Jean-Duceppe s’écarte de la fiction pour nous interpeller sur la vraie vie en nous plongeant dans les négociations secrètes entre Israël et les Palestiniens. Si les accords d’Oslo appartiennent à l’histoire, les risques pris par les individus qui les ont rendus possibles et leurs sacrifices méritent d’être racontés.
La fragilité de l’existence des deux peuples culmine dans le drame que vit chaque protagoniste dans les discussions menées pour la paix dans un village au sud de la capitale norvégienne entre mars 1992 et septembre 1993.
Emmanuel Bilodeau incarne Terje Rod-Larsen, le candide Norvégien à la tête d’une organisation non gouvernementale qui a eu l’idée de proposer le périlleux processus de négociations secrètes aux résultats improbables : que les ennemis se parlent seuls, sans intermédiaires ni formalités protocolaires.
Mona Juul est jouée par Isabelle Blais qui ramène son époux, Terje, à la réalité. Le financement de l’ONG dépend du ministère des Affaires étrangères, où elle travaille… Plus le ministre est informé du secret, plus le processus est compromis. Comment en révéler juste assez pour que le ministre accepte que les rencontres se poursuivent?
La scénographie témoigne des cloisons du labyrinthe bureaucratique international qu’ils abattent : des classeurs sont déplacés, puis retirés durant la pièce. Ne reste plus que la table de négociation à la fin pour symboliser que l’espace occupé est libéré, que les obstacles à la paix ont été dégagés. Les estrades de chaque côté seront réunies.
Oslo s’approche du théâtre documentaire, la pièce constitue un thriller où l’humanisme est mis à rude épreuve avant de triompher provisoirement, puisque nous avons été témoins, avec son auteur J. T. Rogers, de l’assassinat de Rabin et de la seconde intifada après les accords.
Oslo, au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 13 octobre.
Texte révisé par : Johanne Mathieu